Il faut reconnaitre au Gouvernement de remarquables
dispositions pour l'exfiltration, après celle de Harlem Désir qui fut un modèle
du genre, même si, et nous devons le
reconnaitre, son intense activité en qualité de Député Européen le prédestinait
tout naturellement à ce poste de Secrétaire d’État aux affaires européennes. Classé
à une honorable 752ème place sur un total de 766, il a aussi battu au sprint
Philippe De Villiers évitant ainsi la lanterne rouge au classement des 74 parlementaires
hexagonaux.
Celle de Moscovici qui
traine son bilan plus que mitigé à Bercy comme un fardeau réclamait encore plus
de doigté même si naturellement l'intéressé à
des références, il est à la fois trilingue et xyloglotte, il parle Anglais, connait l'allemand, et a
pratiqué devant nos yeux durant 22 mois une langue de bois très pure.
Jeudi dernier, notre brillant financier désigné pour être le
prochain Commissaire Européen aux affaires économiques et financières planchait
devant les eurodéputés, il a donc tenté la martingale gagnante, la botte de
Nevers oratoire, celle qui avait déclenché l'enthousiasme lors du débat du 2ème
tour des présidentielles, l'anaphore censée emporter tout sur son passage
"Moi, commissaire européen… " .
Apparemment, il a si peu réussi à convaincre de sa capacité à
tenir le poste que le parlement européen l'a convié à une session de rattrapage
par écrit, la figure de rhétorique hollandaise anaphorienne n'a même pas séduit, c'est le comble, une députée néerlandaise qui lui a insolemment
demandé "Comment être certain que
vous serez le braconnier devenu garde-chasse ?"
Il aurait pu répondre que
dans notre hexagone les critères de nomination sont différents, n'a- t-on pas
nommé avec les succès que l'on sait Cahuzac au Budget, Thévenoud à la
Commission des Finances, et que s'il se rendait disponible DSK pourrait
parfaitement être nommé au Secrétariat d'état chargé de la famille et de la
condition féminine.
Quant à la députée française l'ingrate Sylvie Goulard qui
lui a reproché sur twitter d'être "un acrobate, aux loyautés
successives"
elle ne s'est sans doute pas rendu compte qu'elle venait de le complimenter, en
donnant avec une concision remarquable les qualités requises pour ne pas chuter lourdement sur la piste du
cirque politique.
Pour convaincre les conservateurs de tous poils, il s'est
mué en gendarme de l'orthodoxie budgétaire et a scandé martialement "Un
pays, fût-ce la France, doit respecter les règles, et mon rôle, c'est de faire
respecter ces règles, et c'est ce que je ferai". C'est en quelque sorte l'illustration d'une célèbre expression, le bâton
pour la France et la carotte pour Mosco.
Le gouvernement, lui, en envoyant l'œil charmeur de Mosco
dans les instances européennes, espère qu'il saura amadouer l'intransigeante
Angela et que le pédalo pourra continuer à dériver tranquillement sur la
paisible rivière des déficits des comptes publics.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, nous ne pouvons pas
encore dire que Mosco, il a ''vici'' mais tout laisse penser qu'il ne sera pas
obligé de regagner penaud ses foyers, il est probable qu'il y aura de petits
arrangements entre amis. Dans ce jeu des sept familles européennes, on
échangera le fils inconséquent contre le père impuissant et tout le monde sera
content.
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