C'est un scénario auquel même l'inventif Spielberg n'aurait
pu penser, l'histoire d'un dauphin gris, type Solferino, normal quoi, toujours
en retrait et qui se voit confier au pied levé le rôle principal d'une série
dont la diffusion est prévue pour cinq ans.
Né la même année que Flipper,on le baptise François même si
ses amis tout en respectant les conventions régissant les noms des mammifères à
pédigrée préfèrent l'appeler affectueusement Flamby.
Le squale d'abord pressenti, Dominique, un requin, marteau
de sexe, s'est emmêlé les nageoires, et plus précisément la caudale, au large
de la Guinée Conakry. Pour tenir le rôle avec toute la crédibilité nécessaire,
le cétacé un peu rondouillard et en manque d'exercice en raison de l'exigüité du
bassin où il nage en eaux troubles se soumet à un régime draconien.
Après avoir éliminé une grande partie de sa graisse
sous-cutanée, il écrabouille au cours de la phase finale du casting, un requin bling
bling et organise dans la foulée un grand raout dans un gigantesque aquarium
place de la Bastille ou frétillent autour de lui quelques maquereaux du showbiz
et une multitude de petits poissons aux couleurs aussi chatoyantes
qu'exotiques.
Comme Flipper, François est un gentil cétacé globicéphale qui
pour ne froisser personne, promet tout et le contraire de tout, même s'il éprouve alors une saine aversion pour les
requins de la finance.
Hélas, son système de navigation est défectueux, il sème ainsi
le trouble au sein de ses congénères qui
se trouvent déboussolés, en perdent leurs remarquables facultés d'écholocalisation
et viennent s'échouer sur de redoutables récifs comme la courbe du chômage, le
retournement économique et les critères de Maastricht.
D'autres, pourtant, navigateurs
émérites, ont disparu des radars
comme les célèbres Batho et Duflot ainsi nommés en raison de leur expérience
maritime.
Heureusement, dans la première saison notre héros traverse
aussi des moments heureux car comme les bonobos, les globicéphales ont une
sexualité très épanouie, François ne s'en prive pas même s'il écarte en raison de
préjugés un peu racistes les thons et les baleines.
Le temps, hélas se gâte rapidement, les éléments se
déchainent, lui qui aime tant le milieu
aquatique est gaté par dame nature qui l'arrose généreusement dès qu'il met le rostre dehors. Notre
dauphin se mue alors en un féroce squale, aiguise ses dents, et découvre sa
véritable nature de prédateur,
consomme tant et plus de petits requins
ministres, répudie sa concubine et sombre dans l'amertume.
Nageant dans les eaux profondes de l'impopularité,traqué par
des sondeurs insatiables, frayant à nouveau avec les requins de la finance, sa
mâchoire carnassière dévorant les chairs d'une poiscaille édentée, les dents de
l'amer risquent de se carier rapidement, et sauf intervention rapide de
dentistes confirmés, la série peut s'interrompre avant son terme pour faire
place à un scénario catastrophe.
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