jeudi 19 septembre 2013

Il passera sa lune de fiel en prison



En feuilletant ma gazette régionale un matin, j’ai été intrigué par un titre insolite « Alençon. Il frappe son mari le soir de la noce : 18 mois de prison ». 

J’ai d’abord cru à une coquille malencontreuse mais  en lisant cette brève d’une dizaine de lignes concernant ce pitoyable fait divers, j’ai admiré le tact de ce journaliste qui en employant le pronom personnel masculin évitait un intitulé redondant du genre « Un mari frappe son mari le soir de sa noce » tout en évitant de se prononcer sur les rôles respectifs de chacun des époux.

Le mari frappeur n’était pas un inconnu des services de police et malgré le soutien du mari frappé à l’audience, le cogneur en récidive légale a été  écroué, il passera donc sa lune de fiel en prison pendant dix huit mois.

Parfait homophile, même si son homophilie se manifeste de manière trop enthousiaste, le puncheur a manifesté une vilaine flicophobie en agressant  deux représentants de la force publique, ce qui prouve qu’il a encore des progrès à faire dans son appréhension de l’altérité surtout quand celle-ci cultive sa différence en se coiffant d’un képi.

 L’origine de cette dispute amoureuse est mal connue mais semble trouver sa source, dans une consommation immodérée d’alcool, une quarantaine de bouteilles pour quinze convives, et une discussion toujours délicate  sur un sujet qui fâche immanquablement et notamment le jour des noces : les belles-mères. 

Les hétérosexuels plus expérimentés dans le domaine des épousailles savent éviter ce genre de conflits en utilisant dès que les choses se gâtent une arme de diversion redoutable, la fameuse danse des canards beaucoup plus efficace pour désamorcer les conflits naissants que la lecture du premier chapitre  de la Critique de la Raison Pure d’Emmanuel Kant.

Ce manque de pratique nuit évidemment à un bon usage du mariage mais comme le dit la sagesse populaire, c’est en forgeant qu’on devient forgeron et en convolant que les cons voleront en espadrilles ou en souliers vernis.   

Le ‘’mariage pour tous’’ n’est pas qu’une expression d’une remarquable inventivité mais aussi une formidable avancée sociétale et un puissant accélérateur de conflits conjugaux. Bien sur on pourra m’objecter qu’il s’agit d’un cas isolé et qu’on ne peut pas juger cette réforme  essentielle à l’aune de cette misérable affaire.

Pour l’instant la société est encore frileuse et le ‘’tous’’ concerne surtout la communauté réduite aux gays  mais quand les boxeurs vont se mettre à épouser des punching–balls, que les tartes convoleront avec les filles Tatin et que les pêches s’uniront aux  demoiselles Melba alors les coups pleuvront comme à Gravelotte. 

Que tous les prétendants à l’hymen se rassurent, les législateurs ont pensé à tout, et notamment à celles et ceux qui supporteraient mal ces marques d’affection trop marquées, le divorce, autre avancée sociale majeure, autrefois réservée aux hétérosexuels est désormais accessible à tous.   

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