En feuilletant ma gazette régionale un matin, j’ai été intrigué
par un titre insolite « Alençon. Il frappe son mari le soir de la noce :
18 mois de prison ».
J’ai d’abord cru à une coquille malencontreuse mais en lisant cette brève d’une dizaine de lignes
concernant ce pitoyable fait divers, j’ai admiré le tact de ce journaliste qui
en employant le pronom personnel masculin évitait un intitulé redondant du
genre « Un mari frappe son mari le soir de sa noce » tout en évitant
de se prononcer sur les rôles respectifs de chacun des époux.
Le mari frappeur n’était pas un inconnu des services de
police et malgré le soutien du mari frappé à l’audience, le cogneur en récidive
légale a été écroué, il passera donc sa
lune de fiel en prison pendant dix huit mois.
Parfait homophile, même si son homophilie se manifeste de
manière trop enthousiaste, le puncheur a manifesté une vilaine flicophobie en
agressant deux représentants de la force
publique, ce qui prouve qu’il a encore des progrès à faire dans son
appréhension de l’altérité surtout quand celle-ci cultive sa différence en se
coiffant d’un képi.
L’origine de cette
dispute amoureuse est mal connue mais semble trouver sa source, dans une
consommation immodérée d’alcool, une quarantaine de bouteilles pour quinze
convives, et une discussion toujours délicate
sur un sujet qui fâche immanquablement et notamment le jour des
noces : les belles-mères.
Les hétérosexuels plus expérimentés dans le domaine des
épousailles savent éviter ce genre de conflits en utilisant dès que les choses
se gâtent une arme de diversion redoutable, la fameuse danse des canards
beaucoup plus efficace pour désamorcer les conflits naissants que la lecture du
premier chapitre de la Critique de la
Raison Pure d’Emmanuel Kant.
Ce manque de pratique nuit évidemment à un bon usage du
mariage mais comme le dit la sagesse populaire, c’est en forgeant qu’on devient
forgeron et en convolant que les cons voleront en espadrilles ou en souliers
vernis.
Le ‘’mariage pour tous’’ n’est pas qu’une expression d’une
remarquable inventivité mais aussi une formidable avancée sociétale et un puissant
accélérateur de conflits conjugaux. Bien sur on pourra m’objecter qu’il s’agit
d’un cas isolé et qu’on ne peut pas juger cette réforme essentielle à l’aune de cette misérable
affaire.
Pour l’instant la société est encore frileuse et le ‘’tous’’
concerne surtout la communauté réduite aux gays
mais quand les boxeurs vont se mettre à épouser des punching–balls, que
les tartes convoleront avec les filles Tatin et que les pêches s’uniront aux demoiselles Melba alors les coups pleuvront
comme à Gravelotte.
Que tous les prétendants à l’hymen se rassurent, les
législateurs ont pensé à tout, et notamment à celles et ceux qui supporteraient
mal ces marques d’affection trop marquées, le divorce, autre avancée sociale
majeure, autrefois réservée aux hétérosexuels est désormais accessible à tous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire