L’idée m’est même venue un court instant de titrer cette
chronique un peu à la manière de Libération « Honni soit qui Mali
pense ». Une manière excessive sans doute pour attirer l’œil du lecteur
sur un sujet peu médiatisé. D’ailleurs m’en soucierais-je moi-même si mon
histoire personnelle n’était pas intimement liée à ce pays ?
Le Mali anciennement Soudan français acquit son indépendance
en juin 1960 associé au Sénégal dans ce qui fut l’éphémère Fédération du Mali.
Cette fédération inspirée du rêve panafricaniste porté par Modibo Keita éclata
quelques mois plus tard et la République du Mali naitra le 22 Septembre de
cette même année. Doté d’un charisme naturel, l’homme de l’indépendance
malienne qui avait voulu édifier un pays socialiste en « débarrassant le
peuple des séquelles du colonialisme » se heurtera assez rapidement à de
graves difficultés économiques. Le système coopératif en matière agricole par
le biais des champs collectifs se confrontera à la mentalité des agriculteurs
maliens qui n’adhéreront pas à cette vision. Les entreprises et sociétés d’état
minées par la corruption et la « gabegie » deviendront de véritables
fardeaux et le mécontentement du peuple las des exactions perpétrées par la milice
populaire amèneront des officiers maliens à perpétrer un coup d’état le 19
novembre 1968.
Néanmoins un hommage officiel sera rendu en mai 1995 au père
de l’indépendance malienne mort en détention en 1962. Le lieutenant Moussa
Traoré lui succédera le 19 novembre 1968 à la tête de l’état. Il abandonnera le
socialisme économique mais instaurera un régime policier incarné par son
Directeur des services de Sécurité Tiecoro Bagayoko qu’il fera arrêter 10 ans
plus tard. Cette décennie fut aussi marquée par le scandale de l’argent de la sécheresse
qui finira en grande partie dans l’édification de prétentieuses bâtisses appelées ironiquement par le peuple malien
« les villas de la sécheresse ». Malgré une tentative d’ouverture dans
les années 80 le régime s’achèvera sur
un soulèvement populaire réprimé dans le sang le 22 mars 1991. Plus heureux que
son prédécesseur, Moussa Traoré condamné à mort puis gracié, coule une retraite
paisible à Bamako. C’est un militaire Amadou Toumani Touré qui remplacera donc un
autre militaire mais qui aura le mérite d’organiser les élections
présidentielles un an après, lesquelles verront la victoire d’un civil cette
fois ci :Alpha Oumar Konaré. Ce dernier effectuera deux quinquennats et en
2002 ATT retraité de l’armée sera élu avec presque 65 % de suffrages et réélu
en 2007 avec un score encore plus flatteur. Le cercle vertueux semblait bien
engagé et la démocratie en marche malgré les accusations de fraude portées par
ses concurrents. Si la géographie de ce pays deux fois et demi grand comme la
France ne l’a pas particulièrement favorisée en raison de son enclavement qui le
rend dépendant pour ses importations et exportations des ports de Dakar par le
rail, d’Abidjan par la route ou accessoirement de Lomé en cas de défaillance du
port ivoirien pour raisons politiques, sa composition ethnique ou plutôt la
bonne entente régnant entre ses différentes ethnies avec le Bambara comme ciment linguistique pour plus la
majorité d’entre eux est un atout par rapport à ses voisins de la sous région. Avec
cet autre avantage que le bambara ou ses cousins germains tels le Malinké et le
Dioula sont parlés par de nombreux locuteurs au Burkina Faso , en Côte
d’Ivoire , en Guinée Conakry et aussi en Casamance dans le sud du Sénégal.
Le Mali apparaissait alors un exemple pour notamment les trois premiers pays
cités. La crise politique à double foyer que vient de vivre le Mali fin mars avec
la perte d’une grande partie de son territoire au nord annexé par les rebelles
touaregs du MNLA, le groupe Ansar
Dine-Aqmi et le coup d’état du 22 mars d’une junte militaire à Bamako pour
renverser ATT dont le mandat expirait 2 mois plus tard a mis brièvement ce pays
sous les feux de l’actualité, ceux-ci se sont rapidement éteints en raison
d’une actualité riche en catastrophes naturelles ou économiques. Aucune
réaction significative de la part de la communauté internationale. La CDEAO
semble impuissante, va peut être passer le bébé et l’eau du bain à l’OUA qui
probablement passera l’ensemble à sa grande sœur l’ONU. L’intangibilité des frontières
héritées du colonialisme érigée en principe par l’Organisation de l’Unité
Africaine vole en éclats. Pendant ce temps les populations de Gao
principalement Sonrhaïs et Peuls apprennent la charia ou s’exilent au Niger et
au Burkina Faso. Ces mêmes ethnies présentes à Tombouctou et à Kidal se voient proposer le même triste choix. Dans
l’indifférence générale des femmes de Kidal ont déclenché une intifada le 5
juin dernier. La France est particulièrement discrète peut être en raison de la
campagne électorale mais sans doute aussi est – elle gênée par les révélations
du Canard Enchainé, qui pointe un doigt accusateur vers nos amis Qatariens qui
ne s’intéressent pas qu’au PSG mais financeraient aussi les islamistes du Mali.
A Bamako le Président par Intérim Diocounda Traoré s’est fait agresser sous le
regard complice (?)des forces de l’ordre et se fait soigner à Paris. Le Statu
quo serait -il acté ? Nous formulons l'espoir qu'il n'en soit pas ainsi.
Oui bien sur, la Grèce, l’Espagne , la Syrie, le possible
éclatement de l’Euro sont des sujets importants mais une couverture médiatique
par nos médias écrits et audiovisuels tres scrutés au Mali redonnerait espoir
au Maliens, à ce pays des ban –mâna (Bambaras)
Ban = Refus Mana = Maître. Ceux qui ont toujours refusé d’être dominés
ont besoin qu’on ne les oublie pas.
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