Alors que je m‘étais levé guilleret ce matin là, et que je
me régalais d’un excellent croissant au beurre, j’eus la malencontreuse idée de
jeter un coup d’œil distrait sur l’édition dominicale de mon journal Ouest-France
qui titrait en page 3‘’Le moral des Français en chute libre’’.
Une dégringolade de 19 points par rapport à janvier 2013, un
graphique évoquant le parcours d’une
étape de montagne du Tour de France avec une arrivée au terme d’une descente
vertigineuse dans un brouillard épais dont n’émergeait qu’un maigre peloton de 30% d’incorrigibles optimistes.
Comme si le choc du
graphique ne suffisait pas, le journaliste y ajoutait le poids des mots afin de
gâcher définitivement mon petit-déjeuner et réveiller mes maux d’estomac. Si
j’avais eu le temps et la décence d’enfiler mes chaussettes, mon moral s’y
serait probablement tapi.
J’aurais pu me contenter de regarder les images, j’aurais ainsi conservé en toute innocence ma bonne humeur
primesautière et ne remarquer que la sensationnelle inversion de cette courbe à la baisse exceptionnelle dépassant
toutes les espérances des habitants d’une Normalie dépressive.
Au cas où la ligne chaotique de l’optimisme hexagonal
établie depuis février 1995 ne suffisait pas à édifier le lecteur, mon
quotidien préféré avec l’aide de l’institut IFOP nous proposait sous forme de
colonnes l’évolution du sentiment de nos compatriotes dans l’action du
gouvernement d’août à décembre 2013 dans quatre domaines.
Les colonnes de décembre concernant la lutte contre
l’insécurité, la protection de l’environnement et la lutte contre le chômage semblaient
s’enfoncer dans le sol comme des immeubles construits sans respect des normes parasismiques.
La confiance des Français s’étiolait même si sur le sujet
concernant la baisse des impôts un noyau
dur de 12% s’accrochait comme une
bernique sur un rocher armoricain à la conviction qu’ils finiraient par baisser
au moins globalement faute de contribuables solvables.
Envahi par un sentiment de culpabilité, j’avais finalement
vomi mon croissant, ce qui constituait ma première victoire contre le cholestérol
mais aussi mon entrée probable dans une zone dépressionnaire qui était plus
‘’raccord’’ avec la météo du moment.
La litanie de catastrophes plus ou moins naturelles subies par
l’hexagone depuis le printemps 2012 avait de quoi nous plonger dans une
profonde mélancolie que même les savoureuses blagounettes de notre timonier
n’arrivaient pas à nous sortir.
Je compris enfin la célèbre citation d’Anatole France "Tous les changements même les plus souhaités ont leur mélancolie"
Et même si je ne souhaite pas filer le bourdon aux éternels insouciants,
dois-je rappeler sans prétendre à l’exhaustivité, l’exil involontaire du compte
bancaire de Cahuzac, la fuite des cerveaux à l’étranger comme l’emblématique
Léonarda, le peu de sens civique des portiques bretons renâclant à remplir
l’escarcelle de Bercy etc.
Si vous ajoutez le manque de solidarité de notre voisin
anglais prêt à dérouler le tapis rouge à nos exilés fiscaux et qui nous envoie
en contre partie un lot de dépressions atmosphériques humides, il y a de quoi
faire une déprime ou à tout le moins un rhume de cerveau.
Et pourtant, les sympathisants socialistes se déclarent
majoritairement optimistes pour leur avenir à 54%, ce qui prouve une estime de
soi bien supérieure à la moyenne nationale toujours associée à un bien être
psychologique.
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