samedi 29 juin 2013

Didier, arrête de rapporter !



Au début Didier était un charmant garçon discret, aimable, un peu âgé pour incarner le gendre idéal mais à point pour symboliser l’archétype du  beau-père parfait.

Ses camarades députés lui avait confié la gestion en bon père de famille de la cassette de la réserve parlementaire, c’est dire s’il inspirait la confiance. La dite cagnotte n’était pas encore, à son époque,  d’une transparence  évidente mais nul ne doute que les nombreux et nouveaux tenants de la translucidité vont s’y employer.

Et puis Didier, dont le prénom n’est pas réservé aux labradors, fut nommé, lui le socialiste, par un despote peu éclairé à la Présidence de la Cour des comptes et mécomptes de la République. 

Mais voilà, depuis Didier ne cesse de rapporter, sans même qu’on le lui demande avec un zèle canin excessif. D’autant, qu’il ramène à ses anciens maitres des conseils, des suggestions, des propositions, des avis qui encombrent leur tapis sous lequel ils ont l’habitude d’enfouir la poussière.

Beaucoup de ses  camarades aimeraient qu’ils ne déposent pas ses cochonneries à la vue de tout le monde, qu’il ronge son os en toute discrétion, qu’il ait au moins la pudeur d’envelopper ses déjections anti-fonction publique dans les sacs disposés à cet effet.

D’ailleurs, François, qui lui, ne porte pas  un prénom de toutou l’a grondé sévèrement «Ce serait trop simple de penser qu’on peut régler les problèmes de finances publiques de notre pays (...) avec la variable d’ajustement que seraient les fonctionnaires »

 Car enfin, et notre président le sait bien, lui qui a fait HEC, le client a toujours raison surtout quand viennent les élections. Dans les rangs socialistes, les langues se délient, les injures fusent, Didier serait un social réaliste ou pire un social responsable, donc ne serait plus socialiste. 

Pour redresser les comptes de la nation, il préconise la réduction des dépenses publiques,souhaite moins d’état, moins de fonctionnaires et suggère d’autres potions amères. Des élus PS sont exaspérés, Didier aurait-il perdu la mémoire, il serait peut être temps qu’il regagne la niche solferinienne, la queue basse et le cœur à gauche.  

Lui n’en a cure, il continue à ‘’migauder’’ au désespoir de Marie-Noëlle Lienemann qui l’aurait un jour sérieusement tancé : "Arrête avec tes rapports ! Mauvaise gestion, on dépense trop, y a qu'à couper, etc. Tu mines le moral de tout le monde !".

Si l’occasion fait le larron, il semble bien que la fonction lui ait fait oublier ses convictions, ou plus exactement qu’elle illustre la fameuse théorie de l’évolution « la fonction crée l’organe ».

Didier, cesse de rapporter sinon on va te confier à la Spa ou  t’attacher à un arbre sur une aire d’autoroute en compagnie d’une grand-mère encombrante que tu pourras restituer à ses heureux propriétaires que tu auras contribué à démoraliser.   

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jeudi 27 juin 2013

Je suis hétérophile mais je me soigne



J’ai longtemps hésité à l’avouer parce que je sentais confusément que ce n’était pas convenable, qu’il y avait quelque chose de malsain, que je devais me corriger, me reprendre en mains si j’ose employer cette expression quelque peu libidineuse.

Quand on est hétérophile, on se sent terriblement seul, pas d’associations, de clubs comme pour les aquariophiles, pas de groupes de paroles comme pour les hydrophiles, c’est drôlement coton d’autant que certains se plaisent à dire que l’hétérophilie serait le faux nez de l’homophobie.

Et puis un jour, on se lance, on convoque sa famille, ses amis, le ban, l’arrière ban et même Stéphane Bern ‘’ outeur’’ récidiviste et on fait son ‘’ coming out ’’ comme aux States. 

Finalement ça s’est bien passé, j’ai eu droit à un florilège de commentaires réconfortants « Ouf, j’ai eu peur, j’ai craint un moment que tu nous annonces ton homophobie ou pire encore ton homosexualité » me dit soulagé mon beauf.

Il faut dire que c’est  un  farouche défenseur de la cause hétérosexuelle, rédacteur intérimaire de ‘’Buté’’ le magazine des  hétéros dépressifs mais fiers de l’être. Pour vous situer la teneur de cette revue, c’est comme Play Boy mais en plus démonstratif. 

Sa réponse quelque peu confuse et navrante s’explique par une saine aversion doublée d’une totale incompréhension des mots commençant par homo qu’ils viennent du grec, du latin où même quand ces deux langues copulent ensemble pour former un néologisme.

Il avait sombré en son temps dans une profonde mélancolie quand il avait appris qu’il appartenait à la famille des homo sapiens, il avait fallu une lourde thérapie à base d’explication de texte afin qu’il comprenne que c’était la version savante, au système pileux moins fourni et à la bipédie quasi exclusive du gorille des montagnes.

Une amie, étymologiste érudite mais aussi déficiente auditive qui aime les hommes comme les camemberts, c'est-à-dire bien faits, a cru comprendre haltérophile et m’a félicité d’un « il était temps que tu te mettes au sport » en insistant lourdement d’un œil réprobateur sur ma rotondité abdominale.

Quant à Stéphane Bern, il m’a encouragé à franchir le pas, « hétérophile, c’est un bon début mais il faut accepter ton orientation sexuelle et passer à l’acte,  pour aimer l’autre, mieux le comprendre, il faut le connaitre au sens biblique du terme, en un mot assumes ton hétérosexualité»  

J’ai alors compris que la frontière était ténue entre l’hétérophilie et l’hétérosexualité, qu’il fallait cesser d’être velléitaire et me mettre à fréquenter les réunions ‘’Tupperware’’ quitte à être invité en qualité de sex toy, je ne devais plus me complaire dans cette posture d’hétérosexuel contrarié. 

Dans ce paradis sociétal qu’est devenu l’hexagone sous l’autorité bienveillante d’un chef de guerre à la cravate oblique, tous les espoirs sont désormais permis pour peu que l’on s’en donne la peine.

 Tandis que l’hétérophile est cantonné à des visites périodiques à la SPA pour rompre l’isolement, l’hétérosexuel se voit offrir le mariage pour tous, la PMA, et un jour sans doute, la GPA sans compter un  pèlerinage annuel à Bègles chez le divin moustachu, ancien membre du groupe  ‘’Village people’’.

Je suis encore hétérophile mais je me soigne et  suis désormais prêt à franchir le rubicon, sans qu’il soit nécessaire de voir dans l’emploi de ce dernier mot une allusion égrillarde.

vendredi 21 juin 2013

Insee ou Insee pas ?



Cette question shakespearienne nous taraude quand nous voyons notre capitaine au long cours, quatre ans au moins, marcher sur les eaux à Lourdes tel Jésus de Nazareth. Il était déjà sur tous les fronts, il lui faut maintenant suppléer Bernadette Soubirous incapable d’endiguer les flots d’un Gave en colère engraissé tel un palmidé de pluies torrentielles et de la fonte des neiges.

S’il s’avère impuissant à contenir la vague des licenciements au moins peut-il apporter la bonne parole aux victimes de catastrophes naturelles. Car, et nul ne le conteste, il s’y connait en pluviométrie, depuis qu’il est à la barre, il pleut des cordes et des impôts tandis que par un phénomène bien connu des vases communicants nos escarcelles s’assèchent.

Certains prétendent même qu’il est une catastrophe naturelle à lui tout seul et qu’il serait bien inspiré de s’auto appliquer un plan Orsec. Mais nous ne les suivrons pas dans ce dénigrement car tout comme lui nous voulons croire aux miracles.



A cet égard sa visite à Lourdes est un symbole fort, car il nous a promis de réaliser d’ici la fin de l’année un prodige à sa mesure, l’inversion de la courbe du chômage, opération testée avec succès  durant la campagne électorale sur son poids de corps, même si celui semble accuser depuis un vigoureux redressement productif .

Et voilà que des conjoncturistes de l’Insee, oiseaux de mauvais augure, prophètes de malheur, viennent, comme s’il en avait besoin, doucher son enthousiasme. Ils nous annoncent  un taux de chômage à 10,7% de la population active pour la fin de 2013.

Mais puisque Jésus semble l’exemple à suivre, il va s’employer, à multiplier les contrats d’avenir et l’un de ses disciples, Sapin, pourra les distribuer à une foule de jeunes enfin rassasiés. Si la référence biblique s’imposait suite à sa tentative infructueuse d’investir la célèbre grotte, il peut s’inspirer aussi d’Houdini, prestidigitateur de génie.

Ses adversaires politiques, qui ont le cœur endurci comme les disciples de Jésus pendant la multiplication des pains et des poissons ne comprennent pas comment ce miracle maintes fois annoncé  pourrait se réaliser et craignent une entourloupe, une illusion d’optique.

Et pourtant, si on s’arrête un tant soit peu sur cette formule magique ‘’inversion de la courbe du chômage’’ elle n’est pas si abracadabrantesque que çà. Comme le chantait Goldman, il suffira d’un signe, de stagnation, voire d’un léger fléchissement de celle-ci en décembre 2013 pour que notre Houdini  correzien vienne saluer la foule en délire.

Les gazetiers et les politiques s’empareront alors de ce débat sémantique durant le mois de janvier et la courbe pourra  peut être reprendre son ascension irrésistible en catimini.
Alors Insee ou Insee pas ?
  
 

jeudi 20 juin 2013

L’évasion fiscale au bout de la raquette



 « Le football est un sport simple : 22 hommes poursuivent un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent » cette phrase aurait été prononcée par un footballeur  anglais Gary Linecker à l’issue de la  demi finale de coupe du monde 1990 perdue par l’Angleterre.

Je crois que l’on peut envisager d’adapter cette citation pour le tennis « Le tennis est un sport encore plus simple que le football qui se joue entre deux types qui se renvoient une patate chaude peu comestible en tapant comme des damnés à l’aide d’une poêle à frire et à la fin ce sont souvent les suisses qui gagnent contre d’autres suisses, même si parfois  il peut s’agir de monégasques.

J’en veux pour preuves quelques exemples récents glanés à Roland Garros, en 8ème de finale le suisse Stanislas Wawrinka, a battu son compatriote  Richard Gasquet tandis qu’en quart de finale Le vaudois Jo-Wildried Tsonga, grand amateur de kinder bueno battait son voisin  Roger Fédérer.


La Suisse, n’est pas qu’une fabrique de champions, elle est aussi terre d’accueil,  c’est un pays propre sur lui, d’une discrétion remarquable, d’une neutralité bienveillante, qui ne commet pas de délit hormis  le fameux "forfait fiscal", qui permet aux riches étrangers de négocier, avant même leur arrivée, le montant total de l'impôt dont ils auront à s'acquitter.

C’est aussi une petite entreprise qui ne connait pas la crise, flexible sur les contrats de travail, on peut y séjourner en CDI et même en CDD, intérimaire en quelque sorte, comme Yannick Noah, ancien raquetteur devenu le conseiller fiscal chantant du pouvoir en place, griot officiel de la Hollandie.

La  formation suisse est particulièrement efficace, elle se base sur l’apprentissage des fondamentaux : le lift de la déclaration de revenus, le lob pour passer la frontière sans encombre, l’amorti pour atténuer la douleur de la pression fiscale, le slice pour dévier le contrôle que veut vous imposer l’adversaire etc.

Mais il serait injuste de réduire l’attrait pour ce pays à de basses considérations techniques, il y a aussi le climat, l’air pur de ses alpages, le chocolat et son apport primordial en magnésium, la gentillesse des gens comme le confessait récemment l’un de ses exilés en mal d’amour, Gaël Monfils « les Suisses sont zen et ouverts ». 

Il faut lire entre les lignes, en creux, que les Français en revanche, sont énervés et fermés. Il est d’ailleurs réducteur de confiner l’Helvétie à une nation de raquetteurs, des artistes aussi y puisent leur créativité comme celui qui parle de lui à la troisième personne, Delon en large et en travers et bien d’autres qu’il serait fastidieux de citer sans verser dans la délation.

Le cas du célèbre cycliste Richard Virenque est différent puisque c’est dans le cadre d’une flamboyante échappée dans un col frontalier ponctuée d’une descente à tombeau ouvert qu’il s’est retrouvé à l’insu de son plein gré en Suisse, ce qui lui permit de troquer sa Festina pour une Rolex.

Le tennis étant un sport international, il n’y a pas que les Helvètes, il y a aussi les Monégasques emmenés par Novak Djokovic. En effet, et contrairement à une idée reçue les patronymes des habitants de la principauté n’ont pas toujours cette consonance latine symbolisée par la famille Grimaldi.

Malgré cette hégémonie suisso-monégasque, et parce qu’il faut bien une morale à cette histoire, il arrive souvent sur cette terre battue de Roland Garros qu’un Ibère habitant l’Ibérie, curiosité géo-tennistique remarquable, mette à l’amende tout ce beau monde en imposant, et c’est un comble, à ses riches et pourtant infortunés adversaires une salve de passing-shots aussi meurtrière qu’une dégelée de pénalités.

Qu’attendent les dirigeants européens pour accorder leurs raquettes avec un maillage plus serré et une tension adaptée afin de  renvoyer les candidats à l’exil fiscal dans les cordes de leurs pays d’origine ?