lundi 9 juin 2014

Un Président improvisé



L’évènement a été insuffisamment commenté à notre goût et pourtant il est de nature à redonner le sourire  à notre président mal aimé par des sondés à l’estomac ulcéré. 

François, l’as de la blagounette solferinienne a honoré de sa présence, le lundi 19 mai  au théâtre ‘’Le Comédia’’ La finale nationale du Trophée de l’Improvisation. 

Afin d’être raccord avec cette manifestation, on nous rapporte que la visite ne figurait pas sur l’agenda présidentiel et qu’elle était donc improvisée. Rien que pour ce magistral sens de l’impromptu, et son aisance scénique sur tous les tréteaux du monde de Tombouctou au 10ème arrondissement parisien, il méritait d’être présent à cette ‘’jam session’’ comique.

Les spectateurs présents ne s’y sont pas trompés et l’ont chaleureusement applaudi, reconnaissant en lui un humoriste né, un roi du stand up, même si beaucoup d’entre eux n’avaient pas assisté à son plus désopilant numéro ‘Mon ennemi, c’est la finance’’ devant 20.000 fans déchainés au Bourget en Janvier 2012.

Là, il avait enchainé les vannes en rafales avec son phrasé emprunté à Mitterrand, un peu haché, comme s’il devait passer ses mots dans un presse purée avant de nous les restituer, sans oublier une gestuelle rigide et saccadée digne de Robocop qui avaient ravi les militants et enthousiasmé les médias.

Si nous ne devions n’en retenir qu’une parmi ses innombrables et croustillantes saillies qui prennent toute leur puissance comique avec le temps qui passe, celle qui devrait se faire bidonner à s’en tordre les boyaux, les militants du Front de gauche, serait probablement celle-ci « Je suis socialiste. La Gauche, je ne l’ai pas reçue en héritage. Il m’a fallu décider lucidement d’aller vers elle »

Bon, reconnaissons le, ce choix est subjectif et dépend de l’auditoire, les banquiers ont beaucoup goûté à cette autre « Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance »

Le stand up, contrairement aux apparences et à une mise en scène minimaliste, ce n’est pas de l’improvisation. Ca peut y ressembler lorsque l’enthousiasme du public pas si fréquent par ces temps de bourrasques sondagières  vous incite à digresser et à sortir la vanne censée vous mettre l’auditoire dans la poche.

Il lui arrive par conséquent d’improviser parfois maladroitement comme lorsqu’il avait fait cette boutade au CRIF en décembre dernier pour évoquer un voyage de Valls, alors Ministre de l’Intérieur de retour d’Alger «Il en revient. Sain et sauf et c’est déjà beaucoup ».

Mais on doit bien reconnaitre que depuis deux ans, le domaine dans lequel il est insurpassable, c’est  l’improvisation politique, qu’elle est même sa marque de fabrique et qu’il n’a aux dires des spécialistes pas de concurrent de son niveau, même si d’aucuns, plutôt grincheux, parlent d’incohérence. 

Il suit l’inspiration du moment, en virtuose de la commedia dell'arte, multiplie les effets d’annonces, et au gré de divagations et fulgurances successives, inverse la courbe du chômage, retourne  l’économie, noue des pactes de responsabilité, de solidarité, de compétitivité, qui finissent par donner le tournis à une France déjà heurtée par les  nombreux chocs subis

Il était donc normal qu’il soit l’invité d’honneur surprise de Jamel Debbouze à la fois pour l’ensemble de son œuvre hélas inachevée et parce que la Corrèze représentée à  l’Elysée c’est aussi un peu la diversité.
En remettant le prix, notre facétieux Président a voulu avoir le mot de la fin, aussi abscons qu’équivoque, évoquant sans doute une prochaine évolution sociétale « J'ai voulu que mon quinquennat tourne autour de la jeunesse ».

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