La vie comme chacun sait n’est pas un long fleuve
tranquille, il faut composer avec les évènements plus ou moins heureux,
cohabiter avec les autres et surtout vivre en harmonie avec soi-même et ce
n’est pas une mince affaire.
Au début, ça apparait
comme une évidence, on est le plus beau, le plus intelligent aux yeux de géniteurs convaincus qu’ils viennent de
concevoir la perle rare, un savant mélange des frères Bogdanov et de Franck
Ribéry. (Si vous êtes du sexe féminin, barrez la deuxième mention et remplacez la par Nabila).
Et même si
l’hybridation n’est pas parfaite, conjuguer les seules qualités de l’un ou des
deux autres laisse augurer un avenir florissant. Par convention,
égocentrisme et surtout par fainéantise,
je prendrai le cas que je connais le mieux, le mien.
Vous me pardonnerez cet anachronisme car évidemment l’objet
de cette courte étude est né bien avant que les génies cités plus haut
n’illuminent l’hexagone de leur immense talent. Après l’ébahissement convenu et obligé du cocon
familial vint le temps de l’étalonnage de mon intelligence présumée avec l’école
primaire.
Jusque là, comme il est dit dans ‘’La Haine’’, tout allait
bien et puis ce fut le collège et les choses se gâtèrent, si je parvenais à
faire rire mes petits camarades dont le cerveau était encore en chantier,
j’éprouvais plus de difficulté à susciter l’admiration de mes professeurs, ce
qui m’amena à arrêter des études à peine entamées.
S’ensuivit après quelques années erratiques de post
adolescence convulsive, une vie professionnelle tropicale somme toute honorable
compte tenu du faible bagage débarqué sur le tarmac brulant de Bamako au
printemps 69.
Malgré 30 années d’attaques incessantes d’anophèles
exclusivement femelles, ce qui confirmait un certain succès avec la gent
féminine, et le risque de détérioration de fonctions cognitives innées incertaines, conséquences possibles d’un
paludisme cérébral, je conservai une estime de moi probablement déraisonnable.
Cette surévaluation égotique
m’a malheureusement amené à donner mon avis sur de nombreux sujets, notamment
par écrit, alors qu’il n’était nullement sollicité. Et cet exercice est
redoutable pour l’estime de soi, car la confrontation avec les lecteurs peut
être très dommageable pour un égo enclin à l’hypertrophie même si celle-ci peut
être nourrie, anabolisée par quelques commentaires de laudateurs bien
intentionnés.
Non seulement mes capacités intellectuelles étaient
régulièrement contestées mais aussi mon sens moral, ma mal-pensance et une
certaine déviance idéologique confinant au pathologique. Le spleen
m’envahissait, engourdissait mon esprit, la dépression me guettait quand opportunément
mes yeux se portèrent sur une étude salvatrice.
Cette étude menée par Denise Guastello, professeure de
psychologie à la Carroll University (Wisconsin), concluait que les humains qui
préfèrent les chats aux chiens obtenaient de meilleurs résultats à des tests
d’intelligence.
Bien entendu, il n’était pas question que j’aille tenter le
diable en courant chez un psy pour vérifier si la thèse de cette éminente
universitaire pouvait être infirmée par quelques rares exceptions d’autant que
je suis un fervent ailurophile depuis toujours et que dans mes états de service
figure un article intitulé ‘’ Un psy au poil’’ publié en octobre 2012 qui
atteste de cette ferveur féline.
Les qualités que cette étude prête aux amoureux des chats qu’elle décrit plus ouverts, plus sensibles,
moins conformistes, plus indépendants me satisfont évidemment même si un
biologiste anglais spécialiste des interactions entre l’homme et l’animal
ternit ce tableau idyllique en prétendant que le chat perçoit l’homme comme un
matou un peu plus gros et surtout plus stupide.
Interrogé avant que je ne lui donne ses croquettes, mon
‘’Bengale’’ m’a assuré qu’il ne partageait pas du tout cette opinion mais qu’il
n’y avait pas de quoi fouetter un homme, fut-il scientifique.
Pour conclure ce billet que je souhaite le plus consensuel
possible, sachez qu’en cherchant bien, les cynophiles finiront bien par trouver
une étude qui soutiendra une thèse diamétralement opposée, ce qui ne pourra que
renforcer leur ‘’estime de soi’’ souvent chahutée par les aléas de la vie.
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