Les égyptiens qui les vénéraient prétendaient que les chats avaient neuf vies, les grecs plus raisonnables ne leur en attribuaient que sept, ces vieilles croyances trouvent leurs origines dans la proverbiale résistance des matous et dans leur étonnante capacité à se sortir indemnes de situations critiques.
Bien sur, les cartésiens que nous sommes, ne croyons pas un instant à ces sornettes et pourtant face à l’existence de cet aventurier des temps modernes qu’est ‘’le French Doctor’’, nous nous demandons si nous aurons assez de nos dix doigts pour énumérer ses vies successives.
D’abord médecin et co-fondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du Monde, il fut livreur de sacs de riz en Somalie, Haut Représentant de l’ONU au Kosovo, théoricien du devoir d’ingérence, rapporteur en Birmanie pour Total , co-créateur de séries télévisées, écrivain à succès, en un mot, Kouchner a toujours été au Darfour et au moulin.
Politicien ambidextre, il obtint des portefeuilles tant à gauche qu’à droite démontrant ainsi sa parfaite tolérance et son ouverture d’esprit, là où de mauvaises langues suspicieuses ne virent qu’opportunisme et appétit de pouvoir.
Aussi sommes nous surpris par sa soudaine intolérance linguistique, le 26 juin n’a-t-il pas déclaré la guerre et souhaité la mort, ce qui est un comble, du mot euthanasie. Le distingué mais improvisé linguiste a expliqué pourquoi il fallait se refuser à employer ce terme « N'employons plus jamais le mot euthanasie, il y a nazi dedans, ce qui n'est pas gentil » c’est évidemment d’une logique implacable.
L’analogie, mot également à proscrire, pour des raisons évidentes d’hygiène corporelle, entre l’humaniste et les félins peut paraitre audacieuse mais elle reste contrôlée puisque nous n’avons pas évoqué le chat de Manx dépourvu d’appendice caudal, ni le fameux fouet utilisé dans la marine anglaise jusqu’au milieu du XIXème siècle, ‘’ Cat o’nine tails’’, le chat à neuf queues.
Il n’est évidemment plus question désormais de baptiser la petite dernière Anastasie, car dedans il y a Stasi et c’est vilain, quand au téléthon, n’oublions pas que le thon n’est pas si sain qu’on le prétend, pour ce qui est du sarkothon, tout le monde aura remarqué un sarko déplaisant niché au début.
Il va sans dire que certains mots sont à bannir totalement de votre vocabulaire parce que pollué aux deux bouts, c’est le cas de l’emblématique ‘’salope’’ où tout est à jeter.
Pour ces mêmes raisons, notre lexicologue déconseille donc cette phrase toute autant anodine qu’anachronique mais qui se révèle pernicieuse à une attentive relecture « J’étais installé sur le balcon de mon appartement de Mâcon à regarder la neige qui tombait en flocons tandis qu’un aéroplane survolait le Tour de France et sa caravane et que mon greffier nyctalope s’enfuyait avec dans la gueule mon escalope.
Les plus vigilants d’entre vous auront remarqué les terminaisons con, ane, et lope qui ne sont pas aimables comme le dit le bon docteur mais ceci n’est qu’un modeste exemple de ce qu’il ne faut pas dire si on veut parler le kouchnérien couramment même si dans kouchnérien, il y a aussi et surtout rien.
En cette période de crise, le kouchnérien est donc un idiome ou plus exactement un sociolecte parfaitement adapté pour économiser des caractères, de la salive, du temps et donc de l’argent. Il pacifie également les échanges en les édulcorant, les raccourcissant et s’inscrit dans une démarche politiquement correcte tout en bannissant les périphrases euphémisantes et couteuses.
lundi 30 juin 2014
jeudi 26 juin 2014
9000 euros, parce qu’il les vaut bien
Si le ministre de la culture à vie avait quelque peu disparu
des radars médiatiques, c’était probablement qu’il était absolument débordé par
son nouveau job à la tête de l’Institut du monde arabe dont il est le président
depuis le 25 janvier 2013.
C’est un éminent spécialiste du monde arabe, des cocktails
et de la géographie, mais il semble que ce soit son expertise en festivités qu’il l’ait poussé à organiser l’une de ses premières réceptions en l’honneur de la ministre
de la culture de Taiwan, qui sauf dérive récente des continents, n’est pas
encore entré en collision avec la péninsule arabique.
Le festivocrate en chef avait évidemment un CV qui
l’autorisait à briguer la présidence de cette institution, cet artiste éclectique,
autrefois permittent du spectacle médiatico-politique, inventa la Fête de la
musique, escalada avec succès à de nombreuses reprises la Roche de Solutré en second de cordée, fut l’initiateur de la
techno parade en 1998, conseiller spécial de Ban KI Moon pour lutter contre la
piraterie, et même émissaire spécial de Sarkozy à Cuba et en Corée du Nord.
C’est dire si cet
esthète protéiforme, mannequin pour Thierry Mugler avec son costume à col
Mao était l’homme idoine pour succéder à Renaud
Muselier afin de gouter à l’un de ces fromages que la République bonne mère aime
à distribuer sans compter à ces valeureux ‘’serviteurs’’ boudés par les
électeurs.
Il faut noter que le recyclage de politiciens souvent obsolètes
s’inscrit au même titre que celui des téléphones, des pneus, des vieux papiers
dans la contribution indispensable de l’économie circulaire à la transition
énergétique bientôt mise en place. L'Institut d'écologie
appliquée (Oko-Institut) de Berlin précise même que pour apporter une
contribution à la protection du climat, le recyclage doit remplacer
l’incinération. Tant mieux ils échapperont ainsi aux buchers réservés
aux vaniteux.
C’est d’ailleurs à l’occasion de la possible nomination d’un
ancien de la chiraquie Jacques Toubon au poste de Défenseur des droits que
notre frétillant paon s’est mis à refaire la roue devant les projecteurs qui
l’avaient boudé et auxquels il avait probablement substitué par dépit les
rayons ultraviolets.
Interrogée sur le Lab d’Europe 1 l'ancien ministre a déclaré qu’il aurait
préféré que l'on nomme « une personnalité qui se serait illustrée sur le
terrain du droit, de la magistrature » s’il avait ajouté bel homme de surcroit,
on aurait pu croire qu’il dressait son autoportrait.
Titillé ensuite sur sa rémunération supposée de 10.000 €
mensuels, Jack Lang a estimé qu’il serait
« anormal que le président d’une haute institution comme celle-là
soit sous-payé », il en a profité pour ajouter qu’il faisait figure de
parent pauvre en comparaison avec le Président du Centre Pompidou et celui de
l’Opéra.
Et comme les bons comptes font les bons amis, il a rectifié
en précisant qu’il touchait 9000 € et en
ajoutant un brin désabusé « C’est brut ».
Et puisque les médias s’intéressaient à nouveau à lui, il
est allé chez canal + qui comme ses
concurrents use et abuse des annexes 8
et 10 du régime d’assurance chômage pour dire sa solidarité intermittente et
circonstancielle avec le mouvement.
Nul doute que ceux-ci auront été sensibles de voir ensuite
défiler à leurs côtés cette icône
vivante de la branchitude d’autant qu’à l’aune de sa seule rémunération à
l’IMA, un Lang vaut au moins six intermittents moyens en espérant que la police
tiendra compte de cette donnée pour son comptage des manifestants présents.
DSK de retour après une parenthèse inattendue ?
Les sondages sont aux médias et à la presse en particulier
ce que la canne blanche est à l’aveugle et la corde au pendu, un accessoire
indispensable, mieux sans doute, une prothèse essentielle pour pisser de la
copie.
Parmi les derniers arrivages indispensables, nous apprenons
avec délectation que l’action de
Ségolène Royal au Ministère de l’Écologie est approuvée par 47% des Français
selon l’IFOP qui n’a pas été jusqu’à demander à ces ravis de la crèche de citer
quelques aspects concrets des réalisations de la madone du Poitou présentée
assez hâtivement et sans doute abusivement comme une ‘’caution de gauche’’ de l’actuel
gouvernement.
Mais ce qui nous transporte d’enthousiasme, c’est la
livraison pour le compte du Figaro Magazine de l’étude TNS Sofres qui nous
annonce le retour sur le devant de la scène politico-médiatique de l’apôtre du
libre–échange et surtout du libre–échangisme Dominique Strauss Kahn.
Celui-ci nous révèle que
DSK recueille 22% d’avis favorables lorsque l’on interroge les français
sur la cote d’avenir des hommes politiques. C’est évidemment fabuleux, mêmes si
nous ne sommes pas sur que le chiffre 22 rappelle d’excellents souvenirs à l’ancien
patron du FMI.
On y apprend également qu’il est à égalité avec Raffarin et
Mélenchon, ce qui n’est pas rien, avouons le, mais on ne sait pas ce que
donnerait un duel avec Valery Giscard d’Estaing dont on devrait apprendre sous
peu la réapparition.
En effet, les médias s’ennuient avec les vedettes du moment,
ils sont nostalgiques et rêvent des anciennes stars, ils nous ont déjà vendu le
come back de Sarkozy pendant quelques
semaines puis se sont lassés, nous aussi, ils nous proposent désormais la résurrection
de ce drôle d’oiseau faisandé, qui aurait niché un temps au Sofitel de New
York.
Tel un p(h)énix renaissant des cendres d’une pipe mal
culottée, DSK parcourt le monde pour lever des sous et des dessous de
soubrettes, avant de faire lever à nouveau les foules d’un hexagone exsangue,
c’est en tout cas le souhait de certains commentateurs qui fantasment sur le
retour gagnant de l’inventeur inspiré des 35 heures accompagné par son chef du
protocole Dodo La Saumure en organisateur d’évènements culturels.
Ses supporters les
plus enthousiastes le verraient bien entrer sur le terrain à la mi-temps du
match pour retrouver la place de meneur de jeu qui lui était promise avant qu’il
ne succombe à la tentation naturelle du mâle testotéroné.
Le titulaire actuel du poste serait selon eux, discrédité et
n’arriverait pas à la cheville de Dominique au prénom prédestiné malgré de
louables efforts dans le domaine de la gaudriole. Ses escapades en scooter sont
certes méritoires mais pèsent peu au regard des virées transatlantiques du
professeur d’économie qui aime tant payer
de sa personne.
Dans un pays qui s’enorgueillit de la mort orgasmique du
Président Félix Faure, le retour en grâce du serial lover est une absolue nécessité
nous disent ses thuriféraires les plus convaincus, nous lisons même sous la
plume extatique d’un blogueur exalté qu’il serait le seul garant de la paix
civile et de la cohésion sociale minée par l’incurie de l’exécutif et la menace
de l’extrême droite.
Sans doute faut-il mettre sur le compte d’une hypnose mal
administrée par un thérapeute inexpérimenté ou la prise inconsidérée de
certaines substances hallucinogènes, cette altération que nous espérons
transitoire de la ‘’conscience de soi’’, observée également chez les fans
hystériques de Rihanna.
Mais nous pouvons compter sur les instituts de sondage pour
faire monter le désir de l’ économiste priapique dans une France gauloise toujours
prompte à se vautrer dans le stupre et la
fornication et si notre pays se meurt comme l’écrivait, il y a peu dans
Newsweek sa correspondante à Paris, n’en déplaise à cette Cassandre, au moins
que ce soit en épectase.
lundi 9 juin 2014
Chat fait du bien, nom d’un chien
La vie comme chacun sait n’est pas un long fleuve
tranquille, il faut composer avec les évènements plus ou moins heureux,
cohabiter avec les autres et surtout vivre en harmonie avec soi-même et ce
n’est pas une mince affaire.
Au début, ça apparait
comme une évidence, on est le plus beau, le plus intelligent aux yeux de géniteurs convaincus qu’ils viennent de
concevoir la perle rare, un savant mélange des frères Bogdanov et de Franck
Ribéry. (Si vous êtes du sexe féminin, barrez la deuxième mention et remplacez la par Nabila).
Et même si
l’hybridation n’est pas parfaite, conjuguer les seules qualités de l’un ou des
deux autres laisse augurer un avenir florissant. Par convention,
égocentrisme et surtout par fainéantise,
je prendrai le cas que je connais le mieux, le mien.
Vous me pardonnerez cet anachronisme car évidemment l’objet
de cette courte étude est né bien avant que les génies cités plus haut
n’illuminent l’hexagone de leur immense talent. Après l’ébahissement convenu et obligé du cocon
familial vint le temps de l’étalonnage de mon intelligence présumée avec l’école
primaire.
Jusque là, comme il est dit dans ‘’La Haine’’, tout allait
bien et puis ce fut le collège et les choses se gâtèrent, si je parvenais à
faire rire mes petits camarades dont le cerveau était encore en chantier,
j’éprouvais plus de difficulté à susciter l’admiration de mes professeurs, ce
qui m’amena à arrêter des études à peine entamées.
S’ensuivit après quelques années erratiques de post
adolescence convulsive, une vie professionnelle tropicale somme toute honorable
compte tenu du faible bagage débarqué sur le tarmac brulant de Bamako au
printemps 69.
Malgré 30 années d’attaques incessantes d’anophèles
exclusivement femelles, ce qui confirmait un certain succès avec la gent
féminine, et le risque de détérioration de fonctions cognitives innées incertaines, conséquences possibles d’un
paludisme cérébral, je conservai une estime de moi probablement déraisonnable.
Cette surévaluation égotique
m’a malheureusement amené à donner mon avis sur de nombreux sujets, notamment
par écrit, alors qu’il n’était nullement sollicité. Et cet exercice est
redoutable pour l’estime de soi, car la confrontation avec les lecteurs peut
être très dommageable pour un égo enclin à l’hypertrophie même si celle-ci peut
être nourrie, anabolisée par quelques commentaires de laudateurs bien
intentionnés.
Non seulement mes capacités intellectuelles étaient
régulièrement contestées mais aussi mon sens moral, ma mal-pensance et une
certaine déviance idéologique confinant au pathologique. Le spleen
m’envahissait, engourdissait mon esprit, la dépression me guettait quand opportunément
mes yeux se portèrent sur une étude salvatrice.
Cette étude menée par Denise Guastello, professeure de
psychologie à la Carroll University (Wisconsin), concluait que les humains qui
préfèrent les chats aux chiens obtenaient de meilleurs résultats à des tests
d’intelligence.
Bien entendu, il n’était pas question que j’aille tenter le
diable en courant chez un psy pour vérifier si la thèse de cette éminente
universitaire pouvait être infirmée par quelques rares exceptions d’autant que
je suis un fervent ailurophile depuis toujours et que dans mes états de service
figure un article intitulé ‘’ Un psy au poil’’ publié en octobre 2012 qui
atteste de cette ferveur féline.
Les qualités que cette étude prête aux amoureux des chats qu’elle décrit plus ouverts, plus sensibles,
moins conformistes, plus indépendants me satisfont évidemment même si un
biologiste anglais spécialiste des interactions entre l’homme et l’animal
ternit ce tableau idyllique en prétendant que le chat perçoit l’homme comme un
matou un peu plus gros et surtout plus stupide.
Interrogé avant que je ne lui donne ses croquettes, mon
‘’Bengale’’ m’a assuré qu’il ne partageait pas du tout cette opinion mais qu’il
n’y avait pas de quoi fouetter un homme, fut-il scientifique.
Pour conclure ce billet que je souhaite le plus consensuel
possible, sachez qu’en cherchant bien, les cynophiles finiront bien par trouver
une étude qui soutiendra une thèse diamétralement opposée, ce qui ne pourra que
renforcer leur ‘’estime de soi’’ souvent chahutée par les aléas de la vie.
Dis tonton, pourquoi tu me touches ?
Les réunions de famille souvent ennuyeuses et parfois conflictuelles vont enfin pouvoir bénéficier de la calinothérapie, De quoi s’agit –il ? Il s’agit tout simplement de réintroduire, le terme est peut être trop violent, de la tendresse et même plus si affinités au sein du cadre familial.
Le tonton libidineux et très tactile qu’on hésitait à inviter pour lui éviter la case prison va pouvoir enfin prodiguer ses aimantes caresses, ses doux effleurements, ses attouchements plus explicites à la petite nièce ou au petit neveu sans qu’il y ait matière à s’émouvoir.
Une admonestation ferme, une invitation courtoise à mettre un frein à une soif qui semble inextinguible et l’oncle pourra rentrer bourré chez lui jusqu’au prochain raout familial.
Mais que répondre au chérubin qui va regimber et interroger à voix haute le tonton pervers « Dis Tonton, pourquoi tu me touches ? » Et bien pour ne pas rester coi et ne pas gâcher l’ambiance, nous vous avons retrouvé au hasard de nos errances sur la toile un argumentaire impeccable.
Il suffira d’expliquer doctement à l’enfant rebelle qui souhaite l’embastillement immédiat du prétendu délinquant « que les attouchements dans le cadre familial ne justifieraient plus la prison parce qu’ il y a des infractions sexuelles qui ne signalent pas un ancrage dans une délinquance particulière». Et on pourra ajouter pour bien se faire comprendre que «des personnes qui agressent sexuellement des femmes la nuit, c'est grave et cela peut justifier l'incarcération ».
Donc, si on veut prendre la peine de décoder cette explication de texte juridique, on en déduit que le viol dans la rue, la pédophilie c’est vilain à l’extérieur mais qu’à l’intérieur du cercle familial, ce n’est pas si grave et en tout cas cela ne mérite pas qu’on en fasse tout un fromage même accompagné par une indigeste piquette.
L’apprenti législateur ne nous dit pas quel est le périmètre de ce fameux cercle familial afin qu’on puisse mettre une frontière entre ce qui est câlin et ce qui est malsain, ce qui est condamnable et ce qui est permis.
La notion de famille est en effet assez élastique et variable selon les cultures et selon les époques, il y a les cousins à la mode de Bretagne, la parentèle bambara élargie, la famille recomposée occidentale, ça finit par faire du monde
. L’auteur de cette argumentation dont on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer, est le député PS Dominique Raimbourg qui est aussi le rapporteur de la loi pénale concoctée par Christiane Taubira.
Finalement, nous optons pour le rire non pas parce que les socialistes seraient supposés détenir un registre comique supérieur aux autres mais parce que ce drôle de paroissien Monsieur Raimbourg qui est le fils de Bourvil a probablement hérité de la vis comica de son papa.
Peut être n’a-t-il pas appliqué à la lettre les préceptes énoncés par son géniteur dans un célèbre sketch « L’alcool, non mais l'eau ferru, l'eau ferru, l'eau ferrugineuse oui. En tout état de cause, les exemples cités par Dominique Raimbourg, sorte de Monsieur Hulot, un peu lunaire, selon le portrait que brosse de lui Libé, pour vendre le concept de contrainte pénale, sont plutôt malheureux et nous les mettrons par affection pour son père sur le compte d’une désarmante maladresse et d’une touchante naïveté qui étaient l’image de marque de cet immense acteur.
Le tonton libidineux et très tactile qu’on hésitait à inviter pour lui éviter la case prison va pouvoir enfin prodiguer ses aimantes caresses, ses doux effleurements, ses attouchements plus explicites à la petite nièce ou au petit neveu sans qu’il y ait matière à s’émouvoir.
Une admonestation ferme, une invitation courtoise à mettre un frein à une soif qui semble inextinguible et l’oncle pourra rentrer bourré chez lui jusqu’au prochain raout familial.
Mais que répondre au chérubin qui va regimber et interroger à voix haute le tonton pervers « Dis Tonton, pourquoi tu me touches ? » Et bien pour ne pas rester coi et ne pas gâcher l’ambiance, nous vous avons retrouvé au hasard de nos errances sur la toile un argumentaire impeccable.
Il suffira d’expliquer doctement à l’enfant rebelle qui souhaite l’embastillement immédiat du prétendu délinquant « que les attouchements dans le cadre familial ne justifieraient plus la prison parce qu’ il y a des infractions sexuelles qui ne signalent pas un ancrage dans une délinquance particulière». Et on pourra ajouter pour bien se faire comprendre que «des personnes qui agressent sexuellement des femmes la nuit, c'est grave et cela peut justifier l'incarcération ».
Donc, si on veut prendre la peine de décoder cette explication de texte juridique, on en déduit que le viol dans la rue, la pédophilie c’est vilain à l’extérieur mais qu’à l’intérieur du cercle familial, ce n’est pas si grave et en tout cas cela ne mérite pas qu’on en fasse tout un fromage même accompagné par une indigeste piquette.
L’apprenti législateur ne nous dit pas quel est le périmètre de ce fameux cercle familial afin qu’on puisse mettre une frontière entre ce qui est câlin et ce qui est malsain, ce qui est condamnable et ce qui est permis.
La notion de famille est en effet assez élastique et variable selon les cultures et selon les époques, il y a les cousins à la mode de Bretagne, la parentèle bambara élargie, la famille recomposée occidentale, ça finit par faire du monde
. L’auteur de cette argumentation dont on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer, est le député PS Dominique Raimbourg qui est aussi le rapporteur de la loi pénale concoctée par Christiane Taubira.
Finalement, nous optons pour le rire non pas parce que les socialistes seraient supposés détenir un registre comique supérieur aux autres mais parce que ce drôle de paroissien Monsieur Raimbourg qui est le fils de Bourvil a probablement hérité de la vis comica de son papa.
Peut être n’a-t-il pas appliqué à la lettre les préceptes énoncés par son géniteur dans un célèbre sketch « L’alcool, non mais l'eau ferru, l'eau ferru, l'eau ferrugineuse oui. En tout état de cause, les exemples cités par Dominique Raimbourg, sorte de Monsieur Hulot, un peu lunaire, selon le portrait que brosse de lui Libé, pour vendre le concept de contrainte pénale, sont plutôt malheureux et nous les mettrons par affection pour son père sur le compte d’une désarmante maladresse et d’une touchante naïveté qui étaient l’image de marque de cet immense acteur.
Les chiens aboient, un vol noir de corbeaux passe
Les journalistes ont fait assaut d’imagination lexicale et ont dégainé un vocabulaire réservé aux catastrophes naturelles : tremblement de terre, tsunami, séisme, bing bang ou emprunté aux scènes de guerre : déflagration, décomposition, chaos pour décrire la victoire du FN aux européennes et le piteux état dans lequel se trouvait notre hexagone au lendemain du vote.
La palme est revenue au plus créatif d’entre eux, le Journal du centre qui a titré un astucieux ‘’ras de Marine’’ mais on peut aussi décerner un brillant accessit à l’éruptif vulcanologue Jean Louis Mélenchon qui compare la victoire du Front National à une éruption volcanique.
Et les artistes dans tout cela, si sensibles, si imaginatifs, si délicieusement rebelles qui savent si bien exalter les bons sentiments, pouvaient-ils rester en retrait, eux, dont le métier est l’exhibition ?
La révolte est venue de Loire Atlantique où un artiste plasticien Olivier de Sagazan n’a pas hésité à renouveler la brillante performance qu’il avait offerte gratuitement aux nazairiens le 30 mars dernier après les municipales.
IL avait à cette occasion aboyé pendant sept heures mettant en péril ses cordes vocales, sa santé mentale mais aussi l’intégrité de l’appareil auditif des riverains pour exprimer son indignation devant l’élection de trois marinistes au conseil municipal.
Il ne pouvait donc que récidiver après les élections européennes mais cette fois là, il n’était plus seul, une meute d’une quarantaine d’apprentis artistes cabots, transformés en intermittents du spectacle s’était jointe à la jam session afin d’aboyer de concert (canin) et de conserve (d’aliments pour chiens) devant la base sous marine.
Le rédacteur de l’article ne nous dit pas quelle fut la réaction des vrais canidés mais on peut supposer que la SPA portera plainte pour plagiat. Si cette performance artistique a indéniablement du chien, il ne faut pas mésestimer non plus la contribution inestimable de l’ancien préféré des Français Yannick Noah qui avait chanté sa salutaire colère dans une œuvre impérissable intitulée sobrement ‘’Ma Colère’’.
Une colère, nous chante t-il qui ne triche jamais, même avec le Trésor, qui croit en la justice fiscale, et qui n’a pas de rhétorique pour insulter l’intelligence.
On veut bien croire cette dernière strophe car si la rhétorique est l’art de l’éloquence, du ‘’bien dit’’, alors sa chanson en est totalement dépourvue et n’a même pas les moyens d’injurier la connerie qui est consubstantielle à la plupart des textes qu’il fredonne.
Mais il fallait un poète non encore disparu, une caution intello socialiste, plus subtil que le tennisman chantant, pour que nous puissions conclure cette ode à la rébellion artistique, c’est donc l’auteur de ‘’Tête à claques’’, Benjamin Biolay qui incarne à merveille ce titre que l’on voudrait éponyme tant il le vaut bien.
Il a revisité le chant des partisans rebaptisé ‘’Vol noir’’ où il crie du haut de sa rebellitude affectée son désespoir de voir cette France ‘’ tombée sur le cul’’ et assiste impuissant au vol des corbeaux frontistes sur la plaine, lui qui avait pourtant mis tous ses espoirs sur le président normal.
"Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots" écrivait Alfred de Musset. Les sanglots de Biolay, la colère de Noah et les aboiements du plasticien nazairien toucheront-ils cette France péri-urbaine décrite par le géographe Christophe Guilluy qui s’obstine à voter Front National.
Il est permis d’en douter, le discours lénifiant de la bien–pensance politiquement correcte n’a pas fait preuve d’une grande efficacité et le mépris affiché du Bobiolay pour ces volatiles fait penser irrésistiblement au poème de Jean Richepin mis en musique par Brassens ‘’Les oiseaux de passage’ .
Il leur restera à méditer les deux dernières strophes de cette chanson : ‘’Et le peu qui viendra d’eux à vous, c’est leur fiente, les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux’’.
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