dimanche 3 novembre 2013

Le radeau qui nous méduse



Malgré sa perspicacité légendaire et sa vue perçante Jean Luc Mélenchon s’est probablement trompé, il avait cru voir par temps de brume son compagnon de route de 30 ans  en capitaine de pédalo.

 Depuis le brouillard s’est dissipé, point de pédalo à l’horizon mais un  radeau largué du pont du  navire  France, une embarcation qu’on qualifierait de fortune si le mot n’était tabou, le radeau d’un pays médusé par tant d’incompétence.

Le navire  dont on a sans doute trop chargé la soute  de taxes et d’impôts, balloté par les flots, s’est finalement ensablé comme la Méduse sur le banc d’Arguin. Le capitaine qui n’a pas d’expérience en navigation hauturière s’est résolu à jeter un radeau  à la mer pour continuer le périple qui doit le mener à passer le  célèbre Cap de Bonne Espérance de  l’inversion de la courbe du chômage.

Il sait que s’il y parvient, la traversée deviendra plus tranquille et qu’il pourra caboter à vue, sa boussole s’étant depuis longtemps complètement déréglée et ses jumelles embuées par les embruns.  

Pour l’heure, l’océan est mauvais, le frêle esquif  essuie des tempêtes successives et pourtant l’équipage est encore  au complet à l’exception de Batho de sauvetage mal arrimée qui est  malencontreusement passée par-dessus bord tandis que Duflot telle une vague scélérate continue son travail de sape.

Les orages grondent, les Bretons majoritairement roses et qui ont en général le pied marin, renfilent les bonnets rouges face à cette écotaxe verte et nous rejouent la révolte du papier timbré tandis que les épargnants si peu épargnés par la pression fiscale se rebiffent.

Léonarda Dibrani, l’héroïne du moment, qui a supplanté dans le cœur des jeunes, Nabilla la ‘mademoiselle sans gêne du paf, récemment débarquée de la chaloupe est invitée à monter sur le radeau.

Mais elle s’y refuse sans sa famille, et l’équipage et son capitaine pourtant jamais avares d’actes de générosité, craignent pour la flottabilité de l’embarcation qui pourrait être mise à mal  par l’intégration du reste de la parentèle.

La froideur de l’hiver arrive, l’hypothermie guette les malheureux  qui souhaiteraient quitter le navire et déjà des mutins se dévoilent, Harlem le rebellâtre d’opérette, Bartolone le tweeteur qui ne veut pas perdre son âme, et Jean Baptiste placé aux première loges sur le quai qui les encourage à la désobéissance.

Mais si le radeau n’est pas exactement un pédalo, il dispose néanmoins d’une commande qui permet le rétropédalage dont usent et abusent son capitaine et les matelots agréablement surpris de constater que la marche arrière est plus efficace que la marche avant.

Sans doute ne se sont-ils pas rendu compte que c’est un phénomène qui se produit souvent quand on s’obstine à  naviguer à contre courant. Bien entendu, le pire n’est pas sur car il ne faut pas désespérer Solferino.

L’histoire n’est bien entendu pas écrite d’avance, et l’on souhaite malgré tout bon vent et bonne fortune de mer au commandant et à son équipage mais on ne peut que songer à ces vers fameux de Victor Hugo :
Oh ! Combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ! 

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