Ce matin, je me suis levé juste à huit heures, j’ ai avalé
un jus(te) d’orange et enfilé un
justaucorps qui commençait d’ailleurs à devenir trop juste , La veille je
m’étais endormi après avoir terminé la
lecture de « Justine ou les
malheurs de la vertu ».
Comme je commence le travail à 8h 30 pile ou juste (si vous
préférez) j’ai pensé qu’Il fallait justement que je me dépêche et j’ai pu
prendre de justesse le car de 8H10 qui me conduit à Saint Justinien où je suis employé chez
Justin Bridou comme ajusteur de calibre saucissonesque.
Comme vous le
constatez, j’ai grosso modo une
quinzaine de minutes devant moi pour occuper mes neurones à lire les « Justes « de Camus que j’ai commencé il y a juste 5 mois ( un
acte par mois)et que j’ai fort heureusement
payé le juste prix.
Malheureusement dans la précipitation , j’ai oublié de
l’emporter, aussi je me suis
rabattu sur mon petit calepin sur lequel
je tiens rigoureusement quand je ne suis pas absorbé par une tâche plus importante les fais et les
gestes accomplis dans la journée et là ,je me suis rendu compte que
l’emploi itératif du mot juste et de ses diverses déclinaisons
parfois approximatives me rendait
parfaitement « raccord » avec
l’ air du temps.
D’ailleurs, en
fouillant dans mon passé je me suis
aperçu que j’étais arrivé juste le jour
ou mes parents m’attendaient, à 12 ans
près. Et combien de fois les enseignants ne m’ont il pas signifié que j’étais
trop juste pour passer dans la classe supérieure. Je peux donc m’accommoder aisément d’un monde juste
qui serait régi par un ordre juste et ou les efforts que j’aurais à accomplir
seraient bien évidemment justes.
Alors bien sur, il se trouvera des agnostiques grincheux
pour faire remarquer qu’il s’agit d’un tic de langage chez nos actuels
gouvernants, d’autres fervents croyants trouveront au contraire superfétatoire
d’accoler cet adjectif et regretteront l’emploi malheureux de ces formules
pléonastiques. En effet, socialiste juste constitue un pléonasme au même titre
que sociologue de gauche, sarkozyste
vulgaire ou patron voyou.
Les plus dévots souligneront
fort justement qu’au sein de ce
gouvernement de justes, les plus extrémistes d’entre eux tellement épris de
justice avaient poussé l’abnégation
jusqu’à devenir justiciables.
Je suis bien
entendu incapable d’arbitrer avec la
justesse nécessaire ce débat entre spécialistes
d’autant que je ne suis pas sur
d’avoir voté juste ;en fait, la seule chose dont je suis certain
c’est que j’ai juste voté.
Comme me l’a suggéré à juste titre mon entourage, à une
rubrique, aussi juste soit elle, il faut pour une visibilité maximale, à défaut
d’une lisibilité, juxtaposer une illustration.
Cette suggestion m’a laissé dans une profonde perplexité.
Ma culture de la « justitude » et de ceux qui
l’incarnent est très superficielle, trop juste
en quelque sorte. Néanmoins deux personnalités me sont venues à
l’esprit, le Saint Just qui détient le ministère de la parole improductive et
le buteur prolifique de la coupe du monde de football de 1958.
Cruel dilemme, mais il faut
bien choisir, c’est donc Just Fontaine qui accompagnera cette modeste
contribution à ce monde plus juste qui se profile.
Non point que je
veuille minimiser les qualités de l’Impétrant à ce qu’on appelait avant le Ministère de l’Industrie, du temps ou l’on
ne confiait pas les intitulés des ministères aux communicants, mais il faut
reconnaître que l’un, outre le fait
qu’il est né Just et n’a pas eu à le devenir, ce qui constitue un
avantage certain ,a su se montrer efficace et productif , ce que n’a pas encore
démontré l’autre.
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