Nos z’humoristes
politiques dépriment, les anciens duettistes rebellâtres de France Inter Guillon et Porte semblent avoir disparu des écrans radar de
l’humour gaulois, victimes collatérales de la défaite de leur punching ball favori. Ces mutins de
Panurge, selon l’expression de Philippe Muray
ont joué les apprentis sorciers et ont fini par casser leur outil de
production.
Peut être se retrouveront –ils fous du roi ou griots
officiels d’un hypothétique potentat d’une république bananière. Sommes nous
pour autant condamnés à la morosité ?
Non ! La nature
ayant horreur du vide, la véritable surprise nous vient d’un couple improbable,
sorte d’union entre la carpe et le lapin, un Sancho Pança amaigri, dukanisé,
mais facétieux et un Don Quichotte brasseur d’air impénitent.
Une version qui prend à contre-pied l’original puisque dans
cette libre adaptation c’est Sancho qui
élève Don Quichotte qu’il sait doué pour la prédication au rang de Ministre de la parole. Le bougre
n'a pas si mauvais nez Don Quichotte a
du style surtout dans l’imprécation.
Ces deux là possèdent
un registre très étendu dans la « vis comica »Tout y passe, le
comique de situation, de répétition, de gestes parfois, et même pour le premier
nommé le comique troupier. Mais le domaine dans lequel nos deux compères excellent c’est le stand-up.
Là, ils ont innové et ont inventé la vanne à décalage horaire, celle que les
australiens appellent la vanne boomerang.
Évidemment, cet
exercice est beaucoup plus exigeant que le mode classique qui vise
l’immédiateté et déclenche les rires à la vitesse des rafales de kalachnikovs.
Pour le public, c’est déconcertant car sur le moment, il n’y a pas matière à
s’esbaudir. Dans la majorité des cas, les vannes sont débitées d’un ton
péremptoire et fort assuré, tout effet comique est soigneusement gommé.
Cela nécessite de
la part de l’auditoire un effort de mémoire et de concentration afin de
déclencher le fameux rire à retardement, qui demande un entrainement sérieux de
nos muscles zygomatiques.
Pour le comique
de situation, il suffit de voir un Sancho incrédule dans sa nouvelle fonction
de président normal gérant la crise depuis la plage de Brégançon. Si les
ouvriers de PSA ne sont pas pliés en quatre, c’est qu’ils sont d’un tempérament
grincheux et « qu’ils ne le valent pas » comme dirait l’Oréal.
Afin de nous
donner quelques occasions de rire, rafraichissons nous la mémoire en rappelant
les vannes les plus désopilantes, même si visuellement, la gestuelle qui les
accompagne nous manque cruellement et notamment les coups de menton qui
soulignent le caractère souvent martial de la déclaration. Mais là aussi, il se
démarque de son prédécesseur par une certaine sobriété qui ne nuit heureusement
pas à sa « cocassitude ».
Petit florilège
non exhaustif : Il y eut d’abord la vanne ferroviaire, celle qui a révélé
son immense talent d’humoriste à un public en délire qui l’attendait à
Austerlitz pendant qu’il descendait la passerelle du Falcon au Bourget. «Se déplacer
en train fait partie, non pas des devoirs de candidat, mais d’un déplacement
qui doit être normal y compris pour un président de la République » Drôle et taquin en plus.
Puis la saillie Mr Propre « je n’aurai pas
autour de moi de personnes qui ont été jugées et condamnées » Ah
bon, nous voilà rassurés !
Et comme sa veine comique ne connait pas de frontières, il tenta la blague européenne « je ne signerai pas le Pacte budgétaire sans une large renégociation » avec laquelle il devrait se payer un franc succès auprès de nos amis teutons.
Il se dit que certains pisse-froid de son entourage qui l’avaient pourtant poussé à monter sur le devant de la scène ne la trouveraient pas franchement drôle.
Dernière vanne qui met en émoi toutes les oies de
France et de Navarre soucieuses de s’éviter une hépatite :
« Je ne laisserai pas mettre en cause les exportations de foie gras,
notamment dans certains pays ou certains états d’Amérique » Cette vanne
transatlantique aurait fait rire aux larmes les californiens, ce qui aurait eu
pour conséquence une brutale montée des eaux, un tsunami hilarant. On ne se
gausse pas impunément de notre meilleur
humoriste.
Quand à notre Don Quichotte, fougueux imprécateur,bretteur
redoutable, il a atteint les sommets
avec ce trait d’humour fulgurant lancé en 2006 sur les relations entre Béatrice
Schönberg et Jean Louis Borloo
« Dans le monde politico-médiatique actuel,
ceux qui ont le pouvoir se permettent de piétiner les règles du jeu. Il est
temps que cela change ». Chapeau
bas l’artiste ! Circonstance atténuante le marquis était,alors marié avec
la Comtesse Hortense.
Et puis, comme nous sommes en période de crise, et que
les soldes durent toute l’année, je vous offre en promotion une blagounette
savoureuse du très prometteur humoriste, le schtroumpf Benoît ancien porte
parole du PS en communication permanente avec l’Au-delà « Il
y a eu une condamnation, elle est très ancienne. Quand on a été condamné, quand
on est passé au-delà, je pense que cela ne doit pas être retenu comme un
argument contre Jean-Marc Ayrault », On
est content d’apprendre que le revenant est en bonne santé.
Nos compères, à force de se battre contre des moulins à
vent finiront par rouler dans la farine des millions de boulangers naïfs ayant
cru à leur fameuse recette de
fabrication de la baguette magique. L’impétrant au Ministère du Redressement
Productif (délicieuse métaphore sexuelle) est déjà lui dans le pétrin.
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