mercredi 15 août 2012

Don Quichotte et Sancho Pança Nouveaux Rois du Stand-Up


Nos  z’humoristes politiques dépriment, les anciens duettistes rebellâtres  de France Inter  Guillon et Porte  semblent avoir disparu des écrans radar de l’humour gaulois, victimes collatérales de la défaite  de leur punching ball favori. Ces mutins de Panurge, selon l’expression de Philippe Muray  ont joué les apprentis sorciers et ont fini par casser leur outil de production.

Peut être se retrouveront –ils fous du roi ou griots officiels d’un hypothétique potentat d’une république bananière. Sommes nous pour autant condamnés à la morosité ?

 Non ! La nature ayant horreur du vide, la véritable surprise nous vient d’un couple improbable, sorte d’union entre la carpe et le lapin, un Sancho Pança amaigri, dukanisé, mais facétieux et un Don Quichotte brasseur d’air impénitent. 

Une version qui prend à contre-pied l’original puisque dans cette libre adaptation c’est  Sancho qui élève Don Quichotte qu’il sait doué pour la prédication  au rang de Ministre de la parole. Le bougre n'a pas si mauvais nez  Don Quichotte a du style surtout dans l’imprécation.

Ces deux là  possèdent un registre très étendu dans la « vis comica »Tout y passe, le comique de situation, de répétition, de gestes parfois, et même pour le premier nommé le comique troupier. Mais le domaine dans lequel  nos deux compères excellent c’est le stand-up. Là, ils ont innové et  ont inventé  la vanne à décalage horaire, celle que les australiens appellent la vanne boomerang. 

Évidemment, cet exercice est beaucoup plus exigeant que le mode classique qui vise l’immédiateté et déclenche les rires à la vitesse des rafales de kalachnikovs. Pour le public, c’est déconcertant car sur le moment, il n’y a pas matière à s’esbaudir. Dans la majorité des cas, les vannes sont débitées d’un ton péremptoire et fort assuré, tout effet comique est soigneusement gommé.

Cela nécessite de la part de l’auditoire un effort de mémoire et de concentration afin de déclencher le fameux rire à retardement, qui demande un entrainement sérieux de nos muscles zygomatiques.  

Pour le comique de situation, il suffit de voir un Sancho incrédule dans sa nouvelle fonction de président normal gérant la crise depuis la plage de Brégançon. Si les ouvriers de PSA ne sont pas pliés en quatre, c’est qu’ils sont d’un tempérament grincheux et « qu’ils ne le valent pas » comme dirait l’Oréal.  

Afin de nous donner quelques occasions de rire, rafraichissons nous la mémoire en rappelant les vannes les plus désopilantes, même si visuellement, la gestuelle qui les accompagne nous manque cruellement et notamment les coups de menton qui soulignent le caractère souvent martial de la déclaration. Mais là aussi, il se démarque de son prédécesseur par une certaine sobriété qui ne nuit heureusement pas à sa « cocassitude ».

Petit florilège non exhaustif : Il y eut d’abord la vanne ferroviaire, celle qui a révélé son immense talent d’humoriste à un public en délire qui l’attendait à Austerlitz pendant qu’il descendait la passerelle du Falcon au Bourget. «Se déplacer en train fait partie, non pas des devoirs de candidat, mais d’un déplacement qui doit être normal y compris pour un président de la République »  Drôle et taquin en plus.

Puis la saillie Mr Propre « je n’aurai  pas autour de moi de personnes qui ont été jugées et condamnées » Ah bon, nous voilà rassurés !

Vint ensuite la vanne  Mireille Dumas  « je ne mélangerai pas vie publique et vie privée » Sans doute un peu trop subtile pour Valérie et pour son employeur Paris Match.

Et comme sa veine comique ne connait pas de frontières,  il tenta la blague européenne « je ne signerai pas le Pacte budgétaire sans une large renégociation » avec laquelle il devrait se payer un franc succès auprès de nos amis teutons. 
Il se dit que certains pisse-froid de son entourage qui l’avaient pourtant poussé à monter sur le devant de la scène ne la trouveraient pas franchement drôle.

Dernière vanne qui met en émoi toutes les oies de France et de Navarre soucieuses de s’éviter une hépatite : « Je ne laisserai pas mettre en cause les exportations de foie gras, notamment dans certains pays ou certains états d’Amérique » Cette vanne transatlantique aurait fait rire aux larmes les californiens, ce qui aurait eu pour conséquence une brutale montée des eaux, un tsunami hilarant. On ne se gausse pas impunément de notre  meilleur humoriste.

Quand à notre Don Quichotte, fougueux imprécateur,bretteur redoutable,  il a atteint les sommets avec ce trait d’humour fulgurant lancé en 2006 sur les relations entre Béatrice Schönberg et Jean Louis Borloo « Dans le monde politico-médiatique actuel, ceux qui ont le pouvoir se permettent de piétiner les règles du jeu. Il est temps que cela change ». Chapeau bas l’artiste ! Circonstance atténuante le marquis était,alors marié avec la Comtesse Hortense.

Et puis, comme nous sommes en période de crise, et que les soldes durent toute l’année, je vous offre en promotion une blagounette savoureuse du très prometteur humoriste, le schtroumpf Benoît ancien porte parole du PS en communication permanente avec l’Au-delà   « Il y a eu une condamnation, elle est très ancienne. Quand on a été condamné, quand on est passé au-delà, je pense que cela ne doit pas être retenu comme un argument contre Jean-Marc Ayrault », On est content d’apprendre que le revenant est  en bonne santé.

Nos compères, à force de se battre contre des moulins à vent finiront par rouler dans la farine des millions de boulangers naïfs ayant cru à leur fameuse recette  de fabrication de la baguette magique. L’impétrant au Ministère du Redressement Productif (délicieuse métaphore sexuelle) est déjà lui dans le pétrin.

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