Bon, je le concède, je
regarde rarement en direct et jamais en intégralité l’émission de Ruquier ‘’On
n’est pas couché’’ mais il m’est arrivé d’en voir quelques bribes au hasard de
pressions incontrôlées sur ma zapette ou ma souris.
C’est ainsi que m’est
apparu dans la petite lucarne un rebellâtre à chemise ouverte aux faux airs de
BHL de bazar, remplaçant Audrey Pulvar, l’égérie du lunettier Bonnet
spécialiste des écailles de tortue. Dans ce jeu de rôles imaginé par Ruquier,
il fallait opposer à la réac de service Natacha, un progressiste éclairé.
Substituer à une
complice de l’extermination des tortues marines, un apprenti philosophe romantiquement
débraillé et adversaire résolu de la corrida ne pouvait que me ravir.
Regarder la télé à travers les larges verres souvent embués par
le liquide lacrymal d’une chroniqueuse à fleur de peau, si préoccupée par la
misère du monde et sa myopie, n’est pas chose aisée quand on est soi même un
peu miro.
En outre, j’appris que
cet intellectuel de gôche, oxymore ou pléonasme, à chacun de choisir selon sa
sensibilité, qui végétait jusqu’alors dans le journalisme était aussi
végétarien et cela me réjouissait.
De récentes études ont conclu que les végétariens affichent une
meilleure humeur et moins d’émotions négatives et de stress que les omnivores.
J’étais donc tenté, malgré mon aversion pour les légumes,
par ce régime susceptible d’adoucir mon humeur atrabilaire, mais je voulais
aussi en vérifier les bienfaits à travers les interventions du pendant senestre
et sinistre à la fois de Natacha Polony.
Il n’était pas
question pour autant de m’imposer la vision durant trois heures d’ ‘On n’est
pas couché’’, pour deux raisons essentielles, je n’ai pas le gout du sacrifice
et l’emploi du ‘’on’’qui se veut
inclusif à généralement tendance à m’horripiler.
Pour mon étude
approfondie sur les bienfaits du végétarisme sur l’affabilité humaine, je
n’avais hélas à ma disposition qu’un cobaye disponible, l’auteur du célèbre
ouvrage ‘’No steak’’ que je n’ai pas encore lu mais dont je devine la trame :
l’extermination d’une kyrielle de garçons bouchers pour venger l’assassinat de
la vache du célèbre prisonnier Fernandel.
Pour juger de la
grande urbanité du bretteur au gracieux prénom médiéval, il me suffisait de
naviguer sur le web et de taper son patronyme, j’eus droit ainsi aux
innombrables faits d’armes les plus brillants du spadassin du camp du bien.
Évidemment, je ne le
trouvais pas aussi affable que son régime alimentaire le promettait mais
c’était pour la bonne cause, et les affreux arriérés, traditionalistes, rétrogrades
que Ruquier se faisait un malin plaisir à lui opposer ne méritaient pas un
autre sort que de passer à la moulinette à gros légumes.
On peut être
végétarien et avoir l’estomac fragile, ce qui conduit immanquablement à n’en consommer
certains qu’écrasés sous forme de purée après avoir au préalable jeté les
épluchures à la poubelle.
Les variétés qui lui
étaient proposées étaient particulièrement indigestes et on peut comprendre son
haut-le-cœur à la vue de certaines, Finkelkraut, Tilinac, Frigide Barjot, et je
ne cite que les plus comestibles d’entre elles.
Malgré tout, sa
courtoisie avait été souvent mise en défaut et sa bienveillance végétarienne ne
me paraissait pas aussi indiscutable que le laissaient accroire les études que
j’avais lues. Mais le doute subsistait encore dans mon esprit.
Le dernier accrochage
avec Natacha Polony finit par me
convaincre que contrairement à ce que j’espérais, le végétarisme n’avait aucun
effet positif sur les cerveaux binaires.
Tout du moins, pour ce qui concerne
l’amabilité même si l’impartialité m’oblige à constater que sa partenaire
télévisuelle cumule plusieurs défauts, elle est réac, cultivée, plutôt pondérée
dans ses propos, et s’apprête à quitter le navire.
On pourra m’objecter
que mon étude n’est pas sérieuse, que le panel retenu est trop peu
représentatif, je peux en ma qualité d’omnivore invétéré, me montrer aussi
insupportable et sectaire que lui, aussi infatué de mon auguste personne et
déclarer sans vergogne que manger des
légumes rend méchant.
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