C’est la dernière trouvaille de nos députés, ils ont
supprimé le mot ‘’race’’ de la législation française mais rédigé un amendement
réaffirmant que la république continuera à combattre le racisme. Ouf ! SOS
Racisme a du trembler sur ses bases et pour ses subventions.
Ce n’est qu’un début, nous assure t-on, d’autres seront
aussi éradiqués, le mot sexe sera lui
aussi bientôt jeté aux oubliettes suivi de femme, d’homme, de maternelle, et
une kyrielle d’autres superfétatoires mais tout aussi stigmatisants comme par
exemple récession.
Très logiquement, le monochrome s’imposera, les mots noir,
blanc, jaune, rouge s’estomperont comme par enchantement quoique à la réflexion
une dérogation sera peut être accordée à rouge pour services rendus à la cause.
Voici qu’arrive enfin le choc de simplification linguistique
promis par notre timonier blagueur au
grand bonheur des candidats de la télé-réalité mais au désespoir du célèbre jeu
télévisuel inventé par Armand Jammot qui devra s’intituler dorénavant ‘’ Des
chiffres et quelques lettres’’.
Bien évidemment, il se trouvera quelques esprits chagrins
dont je ne suis pas, pour objecter que
parler de racisme en expurgeant le mot ‘’race’’ n’a guère plus de sens que
parler de communisme sans évoquer la commune, de gaullisme sans célébrer le grand Charles, de
marxisme sans louer la pensée de Karl, de je-m’en-foutisme sans rendre hommage
à la mémoire de Jean Foutre.
Je ne partage pas cette opinion et je pense que la réforme
va dans le bon sens mais est insuffisante, en effet race disparait mais le
racisme subsiste, idem pour sexe qui s’évanouit tandis que le sexisme perdure.
A quoi bon supprimer le mot ‘’cancer’’ si les malades
continuent à en mourir, bannir le mot chômage part d’un
bon sentiment mais est une mince consolation quand on ne trouve pas de boulot.
C’est pourquoi je demande à nos dirigeants inspirés d’avoir
de l’audace, de supprimer en même temps que les mots ‘’racine’’ les substantifs
encombrants, ainsi on abroge par la loi les maux que désignent ces mots. On
fait donc d’une pierre deux coups.
On a suffisamment reproché à ce gouvernement de ne pas assez
réduire les dépenses publiques pour ne pas se réjouir de le voir tailler à
coups de serpe dans cette inflation verbale ou écrite qui nous coûte si cher en
produits dérivés.
Songez que lorsque la réforme sera menée à bout, une
conférence de presse de notre président pourra être expédiée en deux minutes
chrono d’autant que dans l’étape suivante le législateur s’attaquera tout
naturellement aux chiffres.
Pourquoi s’encombrer de chiffres positifs quand notre
croissance avoisine le zéro. Donc je
propose un emploi élargi de l’adjectif numéral zéro pour quantifier les
déficits, l’augmentation du SMIC, le niveau de l’emploi, et le degré de la
politique menée par l’exécutif .
L’éradication des mots soulagera comme par miracle nos maux et contribuera au réenchantement du
rêve français promis dans un moment d’égarement durant la campagne.