
Au début, j’avais envisagé un titre ronflant pour attirer le chaland avide de nouvelles
médecines alternatives ‘’ Précis de ronronthérapie’’. Talou, c’est le nom du
chat qui surveille du coin de l’œil l’avancement de mes élucubrations et qui connait
ma tendance naturelle à grandiloquer m’en
a dissuadé. Je lui ai alors successivement proposé « Mon ‘’Psy’’ à
poil» rejeté car trop grivois, puis « Chronique Portugueche» en raison de
cette sensation de chuintement qui se dégage de la lecture de cet article mais
aussi en hommage aux moustaches qui ombrent délicieusement les lèvres des
Portugaises, recalé aussi car trop cliché et hors sujet. Un compromis s’est
alors dégagé pour l’intitulé ci-dessus.
Mon chat et moi, nous sommes félins pour l’autre, chat va
sans dire, mais chat va mieux en le disant. Chat, je le savais intuitivement
depuis toujours, c’est la raison pour laquelle j’ai toujours vécu peu ou prou
entouré de matous.
Quand je parle de mon chat, c’est par commodité, pour ne pas
dire mes chats, mais ne dit-on pas que le chat a 9 vies, aussi je suis enclin à
penser que les chats successifs qui ont jalonné ma vie ne sont en fait que la
réincarnation sous différents pelages, sous différents minois du même matou.
Le chat est très conscient que la routine engendre l’ennui.
Il a la délicatesse pour ne pas ennuyer le pauvre humain dans sa triste vie de
jouer les transformistes de talent mais aussi de nous faire profiter à nouveau
de ses pitreries de chatons.
Là, réside sans doute
sa grande supériorité sur la femme qui se transforme souvent au cours de sa
vie, transformisme capillaire, textile, dermique même grâce aux cosmétiques, à
la chirurgie esthétique, dans un combat vain et perdu d’avance. En effet,
jamais elle ne retrouve sa fraicheur de vivre, Hollywood chewing gum.son
espièglerie qui vous avait tant séduit.
Et l’homme me direz vous ? Je ne peux pas être juge et
partie, et ne suis pas doué pour le transformisme sexuel, la prochaine fois,
j’essaierai une chronique mixte à quatre
mains. Celle ci est a été écrite à six
pattes ce qui explique les fantaisies orthographiques et lexicales comme autant
de concessions à mon greffier. Mon chat est curieusement, et je le regrette,
assez cabotin.
Le Chat est un anxiolytique puissant, sans effets
secondaires importants, si ce n’est une légère ponction financière quasiment
indolore pour l’approvisionner régulièrement en croquettes et lui aménager une litière digne de son statut de
maître de maison.
Car en effet, j’ai régularisé la situation depuis peu,
craignant les foudres de la fiscalité moscovicienne j’ai procédé à un
démembrement de ma propriété faisant de mon matou le nu-propriétaire et me reléguant au statut
d’usufruitier, je suis désormais le commensal de mon matou qui a l’extrême
gentillesse de m’accueillir à sa table et de partager ses croquettes avec moi.
Seule ombre au tableau, l’intitulé de sa nouvelle situation
l’a quelque peu chat griné, se faire traiter de nu-propriétaire quand on est
pourvu comme tous les bengals d’une fourrure aussi soyeuse que lui, avec cette
inimitable « poudre d’or » à sa surface, c’est un peu désobligeant.
De toute façon, mon chat abhorre les
signes extérieurs de richesse, la preuve, il déteste ma voiture.
Mais revenons à ses vertus thérapeutiques évidentes, tous
les gens qui me connaissent et ceux qui me font l’honneur de lire mes
articulets savent que je suis en excellente santé psychologique, tout du moins
jusqu’à celui là.
La ronronthérapie que le chat s’applique à lui-même a des
vertus réparatrices extraordinaires sur les
lésions et les fractures qui balisent hélas souvent la vie de ces
aventuriers. En effet, contrairement aux idées reçues, le chat ronronne aussi
en situation de souffrance et de stress.
J’ai moi-même pu vérifier l’extraordinaire rétablissement de
mon bengal après qu’il eut été percuté par une voiture, bilan : la
tête du fémur broyée, aucune possibilité de mettre une prothèse, auto
reconstitution d’une pseudo articulation avec muscles et tendons et 2 mois
après reprise d’une vie normale de chat.
Un vétérinaire toulousain, le Docteur Gauchet a mis au point
une méthode testé sur 250 cobayes humains dont les résultats se sont révélés
concluants. L’écoute du ronronnement du
chat provoquerait une production de
sérotonine, de mélatonine et d’endorphines, toutes substances apaisantes,
relaxantes et analgésiques.
Exit les somnifères grâce à la mélatonine, ‘’hormone du
sommeil’’ tandis que le niveau de sérotonine augmente régulant votre humeur et
les endorphines hormones du bonheur sont secrétées comme dans les sports
d’endurance.
Deux minutes de ronronthérapie avec votre chat sur les
genoux, en regardant les aventures palpitantes du commissaire Derrick équivaudraient à 45mns de jogging avec des
collègues de bureau exhalant la transpiration de leurs aisselles mal
entretenues. En même temps, pour cette dernière hormone très proche des
opiacés, vous vous droguez en toute impunité.
Remède peu onéreux, le chat est aussi un médicament ‘’bio’’,
aucune de ses activités ne troue la couche d’ozone au contraire des vaches qui
sont aussi beaucoup moins pratiques pour voyager et pèsent sur les genoux
arthrosés.
Le chat est un thérapeute consciencieux, si le ronronnement
constitue la base de sa pharmacopée, il utilise d’autres méthodes, le coup de
tête, le pétrissage du corps du patient, vêtu de préférence, à la fois pour le
confort de celui-ci, et aussi car le chat ne pratique pas le massage
thaïlandais et ne présente aucun signe de perversion. Sa seule présence
silencieuse et hiératique suffit pour apaiser vos angoisses existentielles, « l’idéal
du calme est dans un chat assis » écrivait Jules Renard.
Les basses fréquences du ronronnement du chat s’échelonnant
entre 25 à 50 Hz ne doivent pas être
confondues la nuit avec le ronflement du ou de sa partenaire qui lui peut
atteindre 300 Hz et 95 décibels. Autant le ronron est apaisant, autant le
ronflement du colocataire de votre lit est énervant. Dans les cas extrêmes vous
êtes autorisés à virer le ronfleur pour y substituer le ronronneur.
Et puis tandis que votre partenaire vous inflige plusieurs
heures de ronflement, le chat se contente d’une légère posologie et ne vous
administre que tout au plus quelques petites minutes de son ronron apaisant. En
chronobiologiste confirmé, il ne vous prescrit sa dose que lorsque il vous sait
réceptif et aux moments opportuns. Le mien me la prodigue tous les matins au
lever lors de mon réveil qu’il sait chafouin.
Le chat, entre autres vertus n’est pas rancunier,vénéré,
traité avec les plus grands égards dans l’Egypte antique, il fut ensuite l’objet
au Moyen âge de persécutions ordonnées notamment, par Innocent VIII qui
méritait bien son nom, qui rédigea une bulle papale ordonnant que les sorcières
et leurs chats soient brulés vifs.
Les chats survivants
constatèrent que la peste bubonique se répandait de façon endémique et un tiers
de la population européenne succomba, les félins se rendirent compte que les
hommes étaient encore plus cons que méchants, qu’ils avaient vécu pendant trois
siècles des vies de chiens, mais en conclurent magnanimes qu’il n’y avait pas
de quoi fouetter un homme.
Le petit félin sait gré à l’homme de ne pas avoir associé à
son nom une insulte ou une expression péjorative, le chien, l’âne, la mule,
l’oie ou encore la dinde n’ont pas eu cette chance et je n’ai pas encore évoqué
le couple maudit la morue et le maquereau.
Sans doute s’étonne
t-il juste un peu que sa compagne serve aussi à désigner le sexe féminin mais
comme son ami Georges Brassens, il considère que le pire de tous est un vocable
de trois lettres et que de tous ces mots éxécrables et odieux qui le désignent,
celui là est le plus doux.
Alors, est ce un
nouveau paradoxe français que de constater que malgré le nombre impressionnant
de chats estimé à 9 millions nous détenions le record du monde en consommation
d’antidépresseurs.
Contradiction apparente, notre félidé n’aime pas se mettre
en avant,et s’il n’est pas un médecin
malgré lui, il n’impose pas sa présence, ni sa ‘’médecine » à celui qui ne la souhaite pas. Il apprend tres
tôt la solitude, ‘’c’est le chat qui s’en va tout seul‘’ comme l’écrivit
Kipling dans un célèbre conte.
Il ne suffit donc pas d’avoir sa carte de sécurité sociale
pour bénéficier de la ronronthérapie,Minou choisit ses patients, ceux qui
savent lui prodiguer de la tendresse car il ne vit pas exclusivement de
croquettes mais aussi de caresses. A chacun de découvrir sans brusquerie
lesquelles conviennent le mieux.
Les autres soutiens déclarés
lors de la
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