mardi 10 juillet 2012

Agora Vox Plage Publique Plage Privée ?


Voila l’été, j’aperçois le soleil !
Même si à l’heure où  j’écris, fredonner  la chanson culte des Négresses Vertes semble plus relever de la Méthode Coué que d’un constat réaliste, l’analogie entre Agora Vox  et la  plage m’est apparue soudainement évidente sous l’effet d’une autosuggestion inconsciente favorisée par l’absorption d’une boisson pétillante.

La plage, comme jadis dans la Grèce antique  l’Agora, est un lieu de rassemblement ou se confrontent tout comme dans Agora Vox des gens issus de toutes les classes sociales et de tous les milieux.

Ce sont tous les deux, du moins en théorie, des espaces de liberté et d’expression, corporelle pour l’un, des idées pour l’autre.

Week end pluvieux, week end heureux. A défaut de pouvoir arpenter  le chemin des douaniers, de ce bout de magnifique littoral armoricain  auprès duquel j’ai la chance d’habiter, je me suis astreint à un devoir de vacances : une petite promenade à vocation sociologique sur la plage d’Agora Vox.

Quarante huit heures à épier ses congénères, à les observer, à les lire, chaussé de tongs sans risquer l’insolation ni le cancer de la peau. Le Club Med chez soi sans bourse déliée.

D’abord il y a les habitués, ceux qui s’installent avec tout leur barda idéologique et qui l’étalent bien au-delà du raisonnable, du style pousse toi de là que je m’y mette. Ceux là sont redoutables et se regroupent comme un amas hémorroïdaire autour du centre qui est le chef de la tribu. Celui-ci bardé de certitudes fait le paon en permanence, il est le plus beau, le plus intelligent et s’auto congratule à longueur de commentaires. Comme il a tellement œuvré sur cette plage il est aussi modérateur. Son pseudo accolé à modérateur façonne un oxymore savoureux.

Il ne recherche pas l’Autre, ou bien un autre lui-même, ou plutôt des ersatz , la perfection n’est pas donnée à tout le monde. C’est une personnalité narcissique qui se juge tellement plus digne d’intérêt que quiconque et dont le sport favori consiste à lancer des anathèmes définitifs sur ceux qui à ses yeux présentent un corpus idéologique déviant, disgracieux. Cachez ces laids que je ne saurai voir. Si il le pouvait, bien que contraire à ses convictions humanistes, il la privatiserait, cette plage publique d’Agora Vox et lui donnerait son nom

Les laids eux, les rachitiques de la pensée, les asthéniques du bulbe, se rendent bien compte qu’ils usurpent les quelques places  que leur concèdent parcimonieusement Narcisse et Cie, et pourtant ils essayent, s’approchent du rivage, mettent un pied, puis l’autre et  se méfient des vagues d’indignation qu’ils ne vont pas manquer de provoquer. Malgré tout, ils persistent, s’enhardissent, apprennent à nager  et barbotent maladroitement sous l’œil ironique et condescendant des maitres des lieux.

La dernière catégorie reste en lisière, ne se dévêt pas, elle n’écrit pas, elle commente, c’est son choix, il est respectable. Ce n’est pas une catégorie homogène, les uns sont bienveillants, conscients comme Destouches en son temps que la critique est aisée mais l’art est difficile, d’autres le sont moins et gagneraient sans doute en humilité s’ils se risquaient à franchir le pas.

Enfin, il ya les maitres nageurs, les CRS de la pensée unique, les ayatollahs  des châteaux de sable à la plastique irréprochable et à la tête bien faite, ceux là harcèlent essentiellement les vilains, traquent la dysmorphie idéologique, veillent à la propreté  des lieux. Leurs commentaires peuvent être sibyllins, filandreux amphigouriques, longs comme un jour sans pain, ou bien lumineux et comminatoiresdu genre  « circulez, y a rien à voir ».Eux bien sur, rêvent en secret à la privatisation de la plage, ils seront promus plagistes.

 Une suggestion, et si Agora vox se déclarait  plage « naturiste » peut être gagnerait elle en tolérance idéologique comme ces plages où selon  le sociologue JC Kaufmann la tolérance morphologique est beaucoup plus grande .    



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