Voila l’été, j’aperçois le soleil !
Même si à l’heure où j’écris, fredonner la chanson culte des Négresses Vertes semble
plus relever de la Méthode Coué que d’un constat réaliste, l’analogie entre
Agora Vox et la plage m’est apparue soudainement évidente
sous l’effet d’une autosuggestion inconsciente favorisée par l’absorption d’une
boisson pétillante.
La plage, comme jadis
dans la Grèce antique l’Agora, est un
lieu de rassemblement ou se confrontent tout comme dans Agora Vox des gens
issus de toutes les classes sociales et de tous les milieux.
Ce sont tous les deux, du
moins en théorie, des espaces de liberté et d’expression, corporelle pour l’un,
des idées pour l’autre.
Week
end pluvieux, week end heureux. A défaut de pouvoir arpenter le chemin des douaniers, de ce bout de
magnifique littoral armoricain auprès
duquel j’ai la chance d’habiter, je me suis astreint à un devoir de
vacances : une petite promenade à vocation sociologique sur la plage d’Agora
Vox.
Quarante huit heures à
épier ses congénères, à les observer, à les lire, chaussé de tongs sans risquer
l’insolation ni le cancer de la peau. Le Club Med chez soi sans bourse déliée.
D’abord il y a les
habitués, ceux qui s’installent avec tout leur barda idéologique et qui
l’étalent bien au-delà du raisonnable, du style pousse toi de là que je m’y
mette. Ceux là sont redoutables et se regroupent comme un amas hémorroïdaire
autour du centre qui est le chef de la tribu. Celui-ci bardé de certitudes fait
le paon en permanence, il est le plus beau, le plus intelligent et s’auto
congratule à longueur de commentaires. Comme il a tellement œuvré sur cette
plage il est aussi modérateur. Son pseudo accolé à modérateur façonne un
oxymore savoureux.
Il ne recherche pas l’Autre,
ou bien un autre lui-même, ou plutôt des ersatz , la perfection n’est pas
donnée à tout le monde. C’est une personnalité narcissique qui se juge
tellement plus digne d’intérêt que quiconque et dont le sport favori consiste à
lancer des anathèmes définitifs sur ceux qui à ses yeux présentent un corpus
idéologique déviant, disgracieux. Cachez ces laids que je ne saurai voir. Si il
le pouvait, bien que contraire à ses convictions humanistes, il la
privatiserait, cette plage publique d’Agora Vox et lui donnerait son nom
Les laids eux, les rachitiques
de la pensée, les asthéniques du bulbe, se rendent bien compte qu’ils usurpent
les quelques places que leur concèdent parcimonieusement
Narcisse et Cie, et pourtant ils essayent, s’approchent du rivage, mettent un
pied, puis l’autre et se méfient des
vagues d’indignation qu’ils ne vont pas manquer de provoquer. Malgré tout, ils
persistent, s’enhardissent, apprennent à nager et barbotent maladroitement sous l’œil ironique
et condescendant des maitres des lieux.
La dernière catégorie
reste en lisière, ne se dévêt pas, elle n’écrit pas, elle commente, c’est son
choix, il est respectable. Ce n’est pas une catégorie homogène, les uns sont
bienveillants, conscients comme Destouches en son temps que la critique est
aisée mais l’art est difficile, d’autres le sont moins et gagneraient sans
doute en humilité s’ils se risquaient à franchir le pas.
Enfin, il ya les maitres
nageurs, les CRS de la pensée unique, les ayatollahs des châteaux de sable à la plastique
irréprochable et à la tête bien faite, ceux là harcèlent essentiellement les vilains,
traquent la dysmorphie idéologique, veillent à la propreté des lieux. Leurs commentaires peuvent être sibyllins,
filandreux amphigouriques, longs comme un jour sans pain, ou bien lumineux et
comminatoiresdu genre « circulez, y
a rien à voir ».Eux bien sur, rêvent en secret à la privatisation de la
plage, ils seront promus plagistes.
Une suggestion, et si Agora vox se
déclarait plage « naturiste »
peut être gagnerait elle en tolérance idéologique comme ces plages où
selon le sociologue JC Kaufmann la
tolérance morphologique est beaucoup plus grande .
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