jeudi 21 février 2013

S’il n’a pas toute sa raison, il a toujours raison



« Je viens pour chercher un accord. Si certains ne sont pas raisonnables, je ferai en sorte de les raisonner » Lorsque j’ai lu cette déclaration de guerre de notre Tartarin de Tulle peu avant son arrivée à Bruxelles, afin de boucler le budget européen  je me suis demandé si cet homme avait toute sa raison même si, comme le dit la chanson, il a toujours raison. 

Bien sur, après avoir défait le méchant Nicolas, il a aussi vaincu la finance, son seul ennemi disait-il, avant qu’il ne s’en découvre d’autres sur le sol africain. Il a également terrassé la teutonne Angela en lui imposant aux forceps un pacte de croissance à la substance incertaine et volatile. Aux dernières nouvelles, on a retrouvé le pacte, mais on est sans nouvelles de la croissance.

Il a triomphé des djihadistes en trois semaines sans même avoir transpiré des aisselles sous ce cagnard  sahélien. Il est entré à Tombouctou en héros sur les pas de René Caillé en toute simplicité, les hélicos en plus. Une visite historique dans une ville historique a même titré l’Essor, redondance un tantinet hystérique pour ce quotidien malien, resté trente ans durant la voix de ses maitres successifs.

 Il a montré à ces pleutres qui n’avaient pas osé fouler les pistes latéritiques maliennes et notamment à ce Cameron au patronyme  évocateur d’un fait d’armes légendaire de la légion étrangère face à l’armée mexicaine en avril 1863, qu’ils n’avaient qu’une seule option : la capitulation en rase campagne.

Enivré, par une tournée triomphale en terre sahélienne, qui lui a fait vivre le plus beau jour de sa vie politique un samedi à Bamako, alors que l’on sait, depuis Amadou et Mariam que la fête c’est plutôt le dimanche, dopé par les hourras, les djembés, les dununs et les tamas qui résonnaient partout, il en a momentanément, espérons le, perdu la raison. La résonance suscite parfois la déraison.

Il faudrait être un animal à sang froid  pour ne pas sombrer dans la mégalomanie devant une foule en liesse qui croit reconnaître en lui le géniteur universel en le remerciant d’un « merci papa Hollande » que même DSK au faîte de sa gloire et de sa puissance, et malgré de louables efforts, n’a jamais entendu.

En même temps que sa glorieuse épopée africaine, il a mis en déroute les homophobes, une engeance particulièrement rétrograde qui refusait d’emprunter la piste du progrès tracée et balisée  par les pisteuses  Christine et Najet. Tout réussit à notre stratège, il a la baraka, c’est ‘’moi je’’ maître du monde, roi de l’anaphore et de la blagounette papale.

  En chef de guerre confirmé, Il excelle  dans l’art de la diversion et a plus d’un tour sociétal dans son sac pour divertir les Français. Il déteste que l’on s’ennuie, veut combattre notre tendance à la déprime, notre addiction aux anxiolytiques et s’applique avec l’aide de ses troupes imaginatives à nous distraire et à capter notre attention loin des problèmes sociaux sur lesquels ses coups de menton semblent inopérants.

Il est parfois bien aidé par les médias, la libération de Françoise Cassez soudainement sanctifiée, la démission du pape acceptée par Saint Pierre, l’arrivée d’une gravure de mode au PSG, l’assaut de FEMEN poitrinaires aux seins généreux et auto-béatifiés sur Notre Dame et ceux-ci se lancent tels des idiots futiles sur ces sujets dérisoires.

Mais voilà, au fur et à mesure de ses réussites fulgurantes, le fameux pacte de croissance qui avec l’imposition à 75%  avait constitué une sorte de talisman lui ayant permis d’accéder au nirvana se racornit comme la célèbre peau de chagrin balzacienne.

Et, pour le dernier raout à Bruxelles, arrivé comme un matador bravache, il est revenu avec un budget rabougri sans la queue d’un fifrelin supplémentaire, ni les oreilles d’interlocuteurs peu attentifs qui n’ont pas voulu entendre raison.

Conclusion, il aurait pas du accepter cette invitation, il a du se gourer dans l’heure, il a du se planter dans la saison, il a confondu avec Angela, celle qui sourit pas, il a merdé tout ça, tout ça, et pourtant, s’il n’a pas toute sa raison, il a toujours raison.  

Post-scriptum : Merci à Amadou et Mariam ainsi qu’à Louise Attaque pour leur contribution autant bénévole qu’involontaire.

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