Ce petit guide ne s’adresse évidemment pas aux traqueurs de fafs
expérimentés dont l’habileté à les
débusquer surpasse même l’odorat du groin de la truie pour repérer la truffe.
Pour eux, un seul critère, ‘le facho c’est l’autre’ pour peu que celui-ci ne
partage pas ou fasse preuve d’une
exaltation modérée, parfois même feinte, à l’écoute de son catéchisme militant. Ne les prenez pas
pour des …..truffes.
Le sujet est complexe, la tâche ardue et mériterait sans
doute un gros pavé de 300 pages dans la collection pour les nuls. Compte tenu
de l’encombrement de l’ouvrage, j’ai
opté pour un aide-mémoire, sorte de mini vade-mecum, à mettre dans la poche.
Non, ceux que je souhaite aider dans leurs diagnostics, ce
sont les hésitants, les indécis, les perplexes, les scrupuleux même parfois, qui
aimeraient savoir, mais qui ne savent pas avec précision, détecter le brun afin
de le fuir comme la peste pour ne pas être contaminés.
Vous pourrez le plier comme un origami, en forme de casque à pointe, pour ne pas le
confondre avec une quelconque feuille d’imposition que vous seriez tentés de
jeter à la poubelle un jour de déprime. Il est destiné à aider mes
contemporains, nuls en fachologie à repérer le facho dans la plupart des
circonstances de la vie.
J’évoquerai
uniquement pour mémoire, et aussi pour ne pas insulter votre intelligence, le
facho estampillé AOC, crane rasé, doc Martens aux pieds, sanglé dans un bomber
d’aviateur, affublé d’un toc déplorable consistant en une érection brachiale
aussi intempestive que récurrente, l’air aussi avenant que Valérie croisant
Ségolène.
Celui là, bien entendu, aussi nuls que vous soyez, ne vous
aura pas échappé. Ne le traitez pas de facho, il serait capable d’une
approbation tellement enthousiaste accompagné d’un hochement de tête si
vigoureux qui se transformerait en un coup de boule susceptible de vous briser
le cœur, sinon le nez assurément.
Les goûts en matière de culture constituent un critère
déterminant pour la détection du facho de base et son évitement. Volontiers
Noah-sceptique et Cali-phobe, le faf ne
se rend pas aux concerts de ces deux brillants artistes. Par conséquent, en
allant applaudir ces deux esthètes vous ne ferez aucune mauvaise rencontre.
Le facho ne va pas
non plus aux vernissages des expositions du génial photographe Andres Serrano auteur du célèbre
‘’Piss Christ’’ parce qu’il n’en comprend pas la symbolique. En règle générale,
peu versé dans l’idolâtrie pour les performances avant –gardistes de l’art
contemporain, il préfère taper la belote dans un bistrot de quartier.
Il se dit même qu’il déserte les spectacles de Michel Sardou
depuis que ce dernier, déguisé en politologue médiatique débite des propos attiédis
qui le déconcertent. Il ne lui reste plus qu’à beugler à cappella ‘’Ne
m’appelez plus jamais ‘’Sardou’, le Sardou, il m’a laissé tomber.
Néanmoins, je ne suis
pas en mesure de vous assurer que les spectacles de l’inoubliable interprète de ‘’je vais t’aimer
à faire rougir toutes les putains de la rade’’ soient labellisés et garantis
sans ’’ fachos ajoutés’’.
Outre la lecture de ce billet, je vous conseille vivement, celle
du Nouvel Obs qui à intervalles réguliers lance ses meilleurs journalistes d’investigation
à la recherche de néo réacs et de néo-
fachos en réinventant grâce à son directeur de rédaction le ‘Renaud Dély’ de
facies et d’opinion comme aux plus belles heures de ‘’je suis partout’’ mais à
front renversé.
L’actualité vous a permis récemment de mettre un visage sur le facho
homophobe, redondance pléonastique, en le mitraillant, munis de Smartphones,
lui et ses milliers de congénères dans ce grand raout improprement appelé ‘’La
Manif pour tous’’ puisque je n’y étais pas.
Vous êtes donc, et je m’en réjouis, désormais bien armés pour
éviter tous les pièges tendus par cette engeance, tout du moins pour ce qui
concerne la sphère sociale. Pour ce qui est de la sphère familiale, c’est
plus compliqué, vous connaissez la chanson : On ne choisit pas sa famille,
on ne choisit pas non plus les trottoirs de Manille etc.
S’agissant de vos ascendants, vous devez vous montrer
compréhensifs, leur âge avancé peut expliquer parfois une attitude réac bien
naturelle qui s’explique aisément par l’amertume du temps qui passe et des
galipettes qui s’estompent. D’ailleurs, je suggère que vous parliez d’eux comme
de vieux réacs, c’est plus tendre, plutôt que de vieux fachos.
Même si la frontière est ténue entre ces deux notions, et
que selon l’adage bien connu, un bon facho est un facho mort, vous n’en êtes pas encore à souhaiter la mort de vos géniteurs, tout du
moins pas avant qu’ils n’aient envisagé une donation en votre faveur.
Il me faut vous rassurer, hormis quelques très rares cas,
longuement décrits dans la littérature, de lignées atteintes du même syndrome,
le mal n’est pas transmissible.
Pour les autres
membres de la famille, dès détection du ou des déviants, il vous faut
impérativement prendre des mesures prophylactiques, mettre en place un cordon
sanitaire, en un mot déserter les réunions de familles.
Là où le danger vous guette, c’est quand vous envisagez la ‘couplitude’ exercice très périlleux qui nécessite
une vigilance de tous les instants, et comme ce billet ne prétend pas à
l’exhaustivité, je m’adresserai en priorité à la gent féminine.
En effet, selon l’Académie de Médecine, le taux de
prévalence de cette perversion idéologique est beaucoup plus important chez
l’homme que chez la femme. Ce que confirme l’Académie Française qui n’a pas cru
opportun de féminiser l’expression.
S’il est d’usage de parler d’un facho, son épouse ou sa
compagne n’est pas appelée pour autant la facha, mais la femme ou la compagne du facho.
Donc, mesdames, puisque c’est de vous qu’il s’agit, je vais vous donner les
conseils de base nécessaires pour mettre vos sens en éveil afin de détecter les signes avant-coureurs d’une
dérive fasciste chez votre compagnon ou mari.
Je pars du postulat qu’à votre rencontre, votre amoureux
était parfaitement normal, dans l’air du temps, équilibré, issu d’une famille adepte
du marketing éthique et des toilettes sèches. Un milieu en tous points,
respectable.
Vous partagiez avec
lui les mêmes valeurs, le même enthousiasme pour le commerce équitable, vous
écoutiez ensemble sur France Inter ’’Là bas si j’y suis’’ où Daniel Mermet vous
aidait à séparer le bon grain de l’ivraie. Vous vous esclaffiez ensemble aux
saillies monochromes de l’impertinent Guillon fustigeant les ennemis du peuple
et les réactionnaires.
Partisans du multiculturalisme, vous fréquentiez en
alternance chaque semaine, les restaurants japonais, thaïlandais, sénégalais,
poussant même le goût pour l’exotisme à ne pas négliger les pizzerias et les
crêperies.
Vous vous enthousiasmiez sans réserve pour les films de Mordillat, les
chroniques corrosives de Laurent Joffrin, dénonciez vigoureusement l’endogamie
sociale tout en la pratiquant, admiriez l’audace de Christine Angot relatant
crûment comment un rappeur la pédiquait, alors que vous n’en étiez encore qu’à
la position du missionnaire.
Aussi quand vous l’avez surpris un matin, écoutant
religieusement la chronique de Zemmour sur RTL, vous auriez du prendre ce
symptôme au sérieux mais vous avez fermé les yeux au nom de la diversité, et
vous avez fauté, il fallait mettre le holà, l’envoyer chez un psy.
Et la descente aux enfers s’est poursuivie, il s’est mis à préférer
Gaspard Proust à Guillon, a prétexté une partie de boules parrainée par Ricard pour
ne pas vous accompagner voir la dernière œuvre de Guédiguian, a commencé à
prétendre que la politique prônée par Marine était plus à gauche que celle du gouvernement.
Bref, il ne vous restait plus que deux options, le quitter ou entonner l’air de
‘’La groupie du fasciste’.A chaque lecteur de construire sa fin selon sa
sensibilité.
Cet épilogue malheureux, tiré de faits réels, démontre si
besoin était, l’œuvre de salubrité publique entreprise avec ce petit opuscule.
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