samedi 5 janvier 2013

Quand la téléréalité dépasse la miction !




Est –il nécessaire de regarder les émissions de la télé bidonnée, scénarisée,  pour en dire du mal, mieux, peut-on en deviner l’indigence en ayant coupé le robinet à images pour préserver la couche d’ozone ? Plus fort que Majax et le mage Rabindranath Duval du sketch culte sur la divination des regrettés Francis Blanche et Pierre Dac, je vais tenter l’impossible.

A la télé,  d’ailleurs rien d’impossible, çà fait quelques années que la petite lucarne s’esclaffe pour vous dans les sitcoms aux dialogues aussi plats que les poumons de Birkin. Ce faisant, elle vous épargne les affreuses rides d’expressions provoquées par vos zygomatiques qui vous remontent les commissures des lèvres jusqu’aux oreilles encore mieux que ne le ferait un excité de la  machette pour égorger vos fils et vos compagnes.

Évidemment, c’est parfois humiliant, ce manque de confiance envers le téléspectateur, ce rire artificiel, mais il présente le même avantage que les fleurs artificielles sur les naturelles. Il n’a pas besoin d’être arrosé de substances euphorisantes, dure plus longtemps et peut être  renouvelé à l’infini.

Parfois, le spectacle est si affligeant que l’on a envie de pleurer et l’on s’étonne que personne n’ait encore eu l’idée d’inventer la boite à pleurs qui aurait pour effet d’épargner nos glandes lacrymales déjà suffisamment mises à contribution durant nos tristes vies.

 Sans compter la possible déshydratation dont les effets sont dévastateurs pour les personnes âgées dont on nous dit qu’elles ne ressentent plus la soif, ce qui expliquerait leur relative sobriété.

Comme chacun  peut le constater, la télé fait déjà beaucoup pour nous, elle nous fait guerroyer par procuration, nous télé-vend le dernier four multifonctions, nous  fait baiser dans une piscine, nous marie, nous dégotte un nouvel appartement, nous bazarde l’ancien, nous fait manger des vers, chanter des niaiseries, danser avec les stars, nous en fabrique de nouvelles, cuisiner avec le sympathique frère de Demorand, discuter du sexe des anges, nous dit que l’amour est aveugle, nous permet de nous débarrasser de notre couillon de fiston, nous fait découvrir des ch’tis, des marseillais aux accents différents mais aux fautes de français interchangeables…..

  Comme toute cette somme d’efforts s’effectue avachi dans un canapé qui doit lui aussi beaucoup à ce bovidé, la télé qui n’en est pas à un paradoxe près nous balance insidieusement un petit bandeau où elle nous incite entre autres recommandations à manger autrement et surtout à  bouger. On voudrait bien bouger, mais jamais sans notre poste. 

Mais s’il ne regarde pas les émissions de télé réalité où a-t-il déniché cet inventaire à la Prévert de tous les travers de notre petite lucarne ? La magie, vous dis je et comme dans tous les numéros de magie, il y a un truc et mêmes plusieurs, la lecture des programmes et la zapette qui vous permet d’un doigt agile de tomber invariablement sur les nouveaux héros du monde moderne, les candidats anciens, à venir, recyclés de la téléréalité en quête de célébrité.

N’allez pas croire que je souhaite comme le marquis de Montebourg du Redressement Productif des programmes l’arrêt de ces émissions, d’autant qu’il faut s’entendre sur le concept de téléréalité, certaines réclament un minimum de savoir faire, de compétences dans le domaine artistique ou culinaire.

D’autres comme Loft Story et autres déclinaisons ne réclament qu’une conformité parfois surjouée aux stéréotypes souhaitées par la production, bimbos siliconées, don juan de pacotille équipés de pectoraux  assortis aux abdos Jeff de Bruges, homos de préférence ‘’cage aux folles’’, les vipères lubriques, les faux jetons vrais cons, le tout agrémenté de  quelques benêts sympas censés ressembler à la majorité téléphage.

C’est sans doute par abus de langage, ou paresse intellectuelle, que l’on met dans le même cabas de la téléréalité les télé-crochets où l’on n’ apprend pas comme leur nom pourrait le laisser croire la maille à l’endroit et la maille à l’envers et les télé-marmitons où un critique culinaire en foulard à la légitimité aveuglante  insulte copieusement les candidats mitrons.

Comme le disait une célèbre télé sociologue, c’est leur choix. Comme le dealer doit son existence au client, le masochiste ne s’épanouit que grâce au sadique et rien ne lui interdit ensuite l’inversion des rôles. 

J’ai moi-même été accro à  la seule vraie émission de téléréalité, Strip Tease, qui ne scénarise pas, n’habille pas, ne travestit pas, même s’il subsiste le biais d’une caméra dont la présence ne doit pas s’oublier aussi facilement qu’on veut bien nous le dire,  mais au contraire  déshabille et vous livre brut de décoffrage quelques tranches de vie dans lesquelles nous n’aurions pas envie de mordre.

Puis progressivement, même si j’ai parfois beaucoup ri, un peu comme dans ‘’Les Deschiens’’  le malaise s’est installé, l’amusement a cédé la place à la gêne. Il y a quelque chose de pathétique dans cette misère ou arrogance sociale selon les thèmes et les milieux pauvres ou riches qui nous sont livrées en pâture.

C’est une manière assez malsaine de se redonner le moral, de retrouver une estime de soi souvent mise à mal  par les aléas de la vie en constatant  qu’il il y a plus con et plus pourri que nous ?

Non, si je me refuse  à visionner un épisode complet de cette pseudo téléréalité, c’est  tout simplement par peur du vide vertigineux qui attire et envoute, pour lutter contre le désir de chute, la fascination pour l’abime dans lequel il est si facile de s’abandonner. 

Au point, qu’en dissertant sur la vacuité, je ne me suis pas rendu compte du trop plein de ma vessie, phénomème fréquent des vases communicants, dont le signal n’est pas parvenu à mon cerveau trop occupé à traverser les océans du vide, ‘’Always lost in the vessie’’.  Ou quand la téléréalité dépasse la miction !  

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