Le phénomène n’est pas nouveau, il date même des années 70
mais la prolifération des chaînes l’a considérablement amplifié. L’homme
politique est de plus en plus invité dans les émissions dites de divertissement
qui sont pour la plupart d’entre elles avant tout, des émissions de promotion.
Si l’on veut faire un petit historique de ce mélange des
genres, on pourrait dire que l’acte fondateur, c’est l’apparition avant son mandat
présidentiel de Valéry Giscard d’Estaing jouant de l’accordéon dans un décor
buccolique devant Danièle Gibert. Quelques années plus tard, on eut même droit
à Lionel Jospin chantant les ‘’Feuilles mortes’’ chez Patrick Sebastien tout en
irritant les nôtres, de feuilles.
L’élan était donné, vint alors l’heure de la politique
spectacle, ou pour faire plus chic des
« talk-shows », espèces de potages souvent indigestes faits à
base de petites et grosses légumes venus du potager de la télé-bidonnée, de
l’herbier du sport survitaminé pour ne pas dire dopé, de la philosophie de
supermarché saupoudré d’un zeste de politiques revendiquant la proximité.
Que vient faire le politique dans ce brouhaha, sinon
expliquer qu’il est un homme normal comme les autres, une évidence qui s’impose
à une époque ou la normalitude est
érigée en mode de gouvernement. La ‘’France d’en haut’’ vient par le truchement
du petit écran causer dans le poste à la ‘’France d’en bas’’ selon une célèbre
raffarinade.
C’est un maelström consternant où se mélangent comme dans
une partouze débridée le tennisman chantant, le footeux pensant, le cycliste
déraillant, le philosophe délirant, l’écrivain pérorant et en invité de prestige,
sorte de ‘’guest star’’ pontifiante, le politicien ‘prés de chez vous’. Ceux
qui verront dans cette énumération une suite désordonnée d’oxymores et de pléonasmes
n’auront pas tort. A eux de
remettre de l’ordre s’ils le souhaitent.
L’usage du masculin dans cette liste n’est que commodité et
d’ailleurs parfois, les producteurs en
guise de paquet cadeau, invitent telle escort girl recyclée dans le stylisme,
la chanson ou le roman de gare de triage afin de réunir tous les ingrédients
nécessaires à un audimat bien juteux.
Au moins cette
dernière est elle plus légitime que jadis Michel Rocard pour répondre la bouche
pleine à cette angoissante et pour le
moins buccalement embarrassante question d’Ardisson "Est ce que sucer c'est tromper ?".
Malgré un terrain qui peut se révéler lourd,
voire glissant, le pli est pris, les
purs sangs de la politique sont prêts à
se ruer sur ces nouveaux champs de course à l’audimat, somme toute, à faire ‘l’âne
pour avoir du ardisson’.
Alors, que dans certaines
de nos zones dites sensibles, on semble regretter la police de
proximité, ce qui n’était pas le cas à Marseille dans les quartiers Nord où la
proximité frôlait la consanguinité, la télé nous apporte sur un plateau le politicien de
proximité.
Bien sur, il n’y a aucun risque pour l’élu à déployer sa
foulée majestueuse chez Drucker entouré d’invités soigneusement sélectionnés et
‘’Vivement Dimanche’’ n’est donc pas, pour reprendre le titre d’une émission,
un rendez-vous en terre inconnue. La piste est bien damée, pas de
chausse-trapes en vue, le public présent est ravi, le politique aussi.
Cela nous donne une bonne raison comme le dit la chanson de haïr
le dimanche prétentieux, qui veut paraître rose, et jouer les généreux, le
dimanche qui s’impose, comme un jour bienheureux.
La tache est plus ardue dans d’autres émissions où des
roquets de service aiment à planter leurs crocs dans les jarrets charnus de ces
beaux étalons habitués à étaler leur savoir et leur science mais qui finissent
parfois à s’étendre de tout leur long en ruminant un «si j’avais su, j’aurais pas
venu» rapidement enterré.
La frontière est floue entre le divertissement et
l’information, si ténue même, que le politique
rompu aux impératifs et aux dispositifs scéniques de l’exercice
télévisuel peut être tenté de franchir le pas.
C’est le cas de notre pharmaco-politicienne spécialiste de
la vaccination de masse, qui aurait d’ailleurs mérité à l’époque qu’on la
prenne en grippe aviaire, qui à gommé la ligne de démarcation en ayant un pied
dans la commission Jospin et l’autre sur D8 comme chroniqueuse.
Roselyne aux adducteurs assouplis par trente ans de
politique nous fait le grand écart entre la ‘Commission sur la rénovation et la
déontologie de la vie publique’ (interdit d’en rire) et le manège médiatique du
Grand 8.
Certains pourraient penser que cette chronique s’inscrit
dans un poujado-populisme de comptoir braillant sur les politiques ‘’ tous
pourris’’. Mais quand elle avoue que pour ses prestations de pitre en compagnie
entre autres de la conscience morale de la gôche, elle touche 20.000 euros par
mois soit plus qu’un ministre, cela nous
rappelle le moment de solitude assez surréaliste vécu un soir, par les
chroniqueurs du ‘Grand Journal’ exhorté par Dupont Aignan à dévoiler leurs
salaires.
Non, pas plus que le mélange des genres, le son, fut-il
médiatique, dont le dictionnaire nous
rappelle qu’il n’est que le déchet de la mouture du blé nous paraît être un bon
carburant pour redonner une crédibilité aux vieux chevaux de retour de la
politique pas plus qu’aux jeunes loups à l’appétit pantagruélique.
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