Le Vert, comme chacun sait, est le produit de l’association
du jaune et du bleu, le vert possède donc tout naturellement une dualité. Pour
le vert comme pour Descartes, le corps et l’esprit sont nettement distincts.
Pour prendre un exemple au hasard, le corps du vert peut siéger
au Conseil des Ministres tandis que son esprit vagabonde dans les limbes de l’opposition.
Doit-on en conclure que le vert est versatile?
Non, le vert est intrinsèquement vertueux et sa pensée
vertigineusement vertébrée. Parfois, le vert dont le corps n’est pas au
gouvernement voit rouge, c’est le cas de Jean Vincent qui a pourtant placé deux
verts dans le fruit. Ces derniers, eux deviennent roses de plaisir.
Comme le carpocapse, son cousin arboricole, le vert pénètre
le fruit au printemps pour se nourrir grassement des prébendes que veut bien
lui consentir le gouvernement rose. Il s’en distingue néanmoins en n’en sortant
pas à l’automne pour papillonner librement.
Il n’est pas essentiellement frugivore et n’hésite pas à
avaler des couleuvres quand le besoin s’en fait sentir, il serait donc
parfaitement omnivore s’il ne
nourrissait quelques préventions bien légitimes contre le nutella, l’huile de
palme et les champignons nucléaires.
A propos de la taxe
"Nutella" les verts ont reçu une volée de bois du même ton de la part
de responsables Africains et Malaisiens qui ont appelé le gouvernement Français
à se désolidariser de cette ‘’agression
‘’ mettant en péril la survie de ‘’petits producteurs africains et malaisiens’’.
Le tiers-mondisme des verts est donc mis à mal par ces
ingrats qui ne rêvent que croissance, souhaitent troquer le vélo pour
l’automobile, et pensent que le discours
écolo est une ruse des occidentaux vivant dans l’abondance pour la refuser aux
autres. Il est vrai que le slogan à la mode dans notre société de
surconsommation ‘’Manger tue’’ doit
avoir une résonnance particulière pour les enfants du Sahel.
Jean Vincent Placé s’est interrogé à haute voix sur l’intérêt
qu’ont les deux verts à se confondre avec un océan de rose, ce mélange de
couleurs lui paraissant donner une association peu flatteuse à l’œil, il a tout de go formulé la question que nous nous posions,
dans un précédent billet (1) : "que faisons nous au
gouvernement ?".
Il a été vertement recadré par EELV dont les troupes sont
allés ensuite prier Notre Dame des Landes pour lui demander d’empêcher l’ouverture
du chantier de l’Ayrault port. Les
petits hommes verts, réenfilant leurs bleus de chauffe ont donc encore des
combats à mener et n’entendent pas aller se mettre au vert de sitôt.
Un soldat rose, facétieux, le torse avantageux moulé dans
une marinière blanche à bandes bleues aime à les agacer en agitant la muleta
rouge du nucléaire, industrie de l’avenir. Ces gesticulations de l’impétrant empêtré
fichent une trouille bleue aux verts qui rient jaune.
Hollande pourrait, semble t-il s’accommoder du départ de l’exécutif
des deux verts, en allant plus loin que le slogan « un vert, ça va, deux
verts, bonjour les dégâts ! Il irait sans doute jusqu’à prôner
l’abstinence. Pas de vert du tout.
Que reste t-il alors
dans le vert à moitié plein ou à moitié vide selon que l’on voit la vie en rose
ou que l’on broie du noir ?
Vidé de sa substance sociale et économique, ce vert apéritif
peut être servi avec des amuse-gueules sociétaux préparés avec soin et
imagination, par exemple, fêter le 14 juillet deux jours avant pour tromper la
vigilance des militaires et leur substituer des milliers de petits bonhommes
verts Cetelem, ou bien annuler les années bissextiles qui n’amènent rien à
l’humanité sinon à rallonger l’hiver et les remplacer par des années
bisexuelles permettant à tout un chacun de retrouver sa moitié d’orange.
Le droit opposable pourrait également être étendu, l’on
pourrait envisager le droit opposable au crachin pour les Bretons ainsi que
tout naturellement le droit opposable au Maroilles au petit déjeuner pour les
ch’tis, et toute une série de déclinaisons qu’il plaira aux lecteurs
d’inventer.
Ce petit billet écrit au début en noir et blanc sous un ciel
désespérément gris s’est peu à peu colorisé au fil d’une écriture qui virait
vers le vert-de gris, signe d’une tendance à l’oxydation des neurones de son
auteur. La prochaine étape devrait être une chronique en 3D, désolante, déconstruite mais aussi dérisoire.
Et comme pour la groupie du pianiste, il était l’heure d’aller
s’étendre entre les draps roses, et s’éveiller le lendemain matin en constatant
avec plaisir que les verts étaient toujours dans le fruit.
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