Souvent, presse varie, bien fol est qui s’y fie . Cette
libre adaptation d’une célèbre phrase attribuée à François 1er ( souvent femme…) sans doute inspirée par une
déception amoureuse nous semble tout à fait d’actualité ces derniers jours.
Nous pourrions la compléter par, souvent presse charrie. C’est d’ailleurs
l’association de ces deux verbes qui nous a inspirée le titre de ce billet.
L’exemple emblématique
de cette presse folle atteinte d’encéphalite à emballement médiatique
(EEM) est évidemment Marianne. La similitude de cette pathologie
avec la maladie bovine qui mit en
émoi toute l’Europe n’est pas fortuite. A son origine, une primo infection, la
sondagite aigue et un agent pathogène appelé le prion des tirages qui n’est
qu’une mutation du prion des paturages, les symptômes sont divers, hyper
émotivité, troubles de l’affectivité et de l’humeur et surtout comportement
moutonnier.
Il est frappant de constater l’effet dévastateur sur
l’opinion et la classe politique de cette surinfection médiatique lors des
crises successives de la vache folle et de la grippe aviaire.
Mais revenons à nos moutons, et à celui qui dans l’excès
occupe le haut de la hiérarchie, le mal- nommé « Marianne ». L’un de
ses slogans visant à ‘booster’ les abonnements se présente ainsi : « Si
des médias qui à 98% pensent et disent la même chose sur 90% des sujets ne vous
suffisent pas, abonnez vous à Marianne » est d’une force comique insoupçonnée,
même par son auteur.
Il suffit pour s’en convaincre, de visionner une courte
vidéo tirée d’un documentaire de Pierre Carles sur le traitement médiatique des
élections présidentielles de 2012 en France. (*)
Au départ, Marianne,
le journal différent avait jeté son dévolu sur DSK, l’un de ses éditorialistes en pamoison,
Nicolas Domenach implorait le messie du FMI « Il servirait encore mieux la
France en France qu’à l’étranger, on l’attend, on l’espère, plus que tous les
autres ».
Et puis on connait la fin tragique du héros, ‘’Naffissatoufaitomberaleau’’
comme l’appellent certains commentateurs non familiarisés avec la langue peuhl, a ruiné les espoirs de toute
une coterie journalistique. Qu’à cela ne tienne, Marianne comme les autres
soupirants, s’est alors entichée, les yeux rivés sur les sondages, d’un ancien replet, customisé de la tête aux pieds,
redessiné par un nutritionniste médiatique sur les conseils d’une styliste
alsacienne.
Bien sur, les lecteurs et les électeurs qui sont souvent les
mêmes étaient déboussolés. Après la flamboyance strauss-kahnienne, d’ailleurs plus
straussienne que kahnienne et tandis qu’ils dansaient à ses bras ‘’la Valse de l’empereur’’
les yeux noyés dans le ‘’Beau Danube bleu’’, la musique s’interrompait soudain
et ils étaient priés d’aller chercher un autre cavalier qui faisait tapisserie.
Pas bégueules, ils se lancèrent alors dans une valse musette
effrénée avec le nouveau partenaire, moins fringant sans doute que le précédent,mais
plus proche d’eux,comment dire ? Plus normal. C’était le mot juste. Ils
remercièrent les organisateurs et oublièrent vite le premier,trop au dessus de
leurs moyens.
L’éternel remplaçant avait triomphé, la Marianne était aux
anges. Hormis la détestation viscérale unanime du prédécesseur, quels étaient
les arguments qui incitaient nos éminents éditorialistes à vouloir convoler en
justes noces avec l’élu de leur cœur ? Le programme, les compétences,
l’envergure du candidat ?
Si l’on en croit le cofondateur de Marianne, très fleur bleue,
comme celle de l’épice auquel son patronyme fait songer, l’explication est plus
prosaïque, « il était sympathique et drôle ». « Toute la gauche
le voulait, comme elle voulait avant DSK ». (*)
Les premiers pas de l’heureux élu avaient déchainé l’enthousiasme, il avait
séduit l’Allemagne, les Etats Unis, s’apprêtait à faire succomber l’ogre
chinois, et serait, à n’en point douter, le phare du nouveau rayonnement français,
un peu comme BB dans les années 70, le sex appeal en moins.
S’annonçait alors une aube nouvelle pour l’hexagone, sans
qu’on sache exactement, ce que recouvrait ce terme, sinon sans doute et plus
modestement le titre du magazine trimestriel du Conseil Général du département éponyme. C’était
la belle mais courte époque où François naviguait dans sa frêle embarcation en
père peinard sur la grande mare des canards sous un pavillon de complaisance
médiatique
Nous avions raillé fin mai ce nouvel emballement, dans un billet de mauvaise humeur
intitulé « Le Ravi de la crèche et les béats médiatiques» qui se concluait par cette phrase « Ben oui, coco, la
béatitude, on ne va pas s’y vautrer dedans tout un quinquennat, ce n’est pas
bon pour les tirages.
Prescience ? Don de divination ? Non, tout
simplement la prise en compte de la réalité économique, la béatitude n’est pas
vendeuse. Les hebdos, Marianne en tête de gondole, qui avaient charrié des tombereaux d’insultes sur le précédent locataire le regrettaient déjà,
non pour sa personnalité qu’ils exécraient mais pour sa force d’attraction-répulsion à haute
valeur ajoutée, économiquement très rentable .
Rien de tel pour doper les tirages pour cet hebdo qui est à,
la politique ce qu’est ‘’Le Nouveau Détective’’ aux faits divers.
A peine 3 mois après
la célébration du mariage en grande pompe, c’est l’anamour, le ‘je t’aime, moi
non plus’, pire, le désamour. Un verre d’Ipsos, une rasade de Sofres, un sucre
imbibé d’IFOP et les voilà pris de
boisson, secoués par un délirium très épais.
Alors désinhibés, ils le tancent, le morigènent, l’admonestent
vertement, lui intiment l’ordre de se secouer, d’arrêter ses bêtises, se
demandent tout haut, photo du cortège marial à l’appui, « Sont-ils si nuls ? » traitent
leurs fans de cocus et suprême outrage s’interrogent « Et si Sarkozy avait eu raison ? »
Et pourquoi pas lui demander de se sortir les doigts du c.. ?
Même, Jean François Kahn le pape de la modération s’en émeut
« L’anti hollandisme ne succède t-il pas à l’anti sarkozysme
primaire ? » Quand un homme aussi
pondéré que JFK défenseur des droits de l’homme et du droit de cuissage
réunis s’inquiète c’est qu’il y a péril en la demeure.
A cette nuance près, linguistique mais aussi sémantique, que
la sarkophobie fait place au hollande bashing, le grec ancien à l’amerloque, la
haine au dénigrement. Nous ne sommes pas dans le même registre qu’avec le devancier,
on est dans la déception amoureuse, les reproches amicaux de grands frères, les
« Tu peux mieux faire », dans le désenchantement aznavourien de
« tu t’laisses aller » avec l’espoir comme dans le dernier couplet, qu’il
redevienne le Président qui leur a donné
tant de bonheur ,et parfois comme par le passé, ils aimeraient que tout contre
leurs cœurs, il s’laisse aller, il s’laisse aller.
Un rebond dans les sondages ? Et tout sera oublié, pour
un moment, jusqu’à une prochaine
rechute. Comme toutes les maladies chroniques, la sondagite et l’EEM ne sont
pas guérissables, on compose avec.
Notre boucher nous a expliqué comment la filière bovine avait
jugulé l’épizootie avec des solutions drastiques mais très efficaces, et suggéré que peut être … Nous ne
pouvions en entendre plus, par humanité, mais aussi par réalisme, la relève est
prête, élevée en batterie dans des poulaillers industriels appelés pompeusement
écoles de journalisme, bien décidée à nous pondre quantité d’articles
labellisées ‘’Orientation Idéologique Garantie
’’ ; Alors à quoi bon ?
Non, il nous suffira, puisque le vaccin n’existe pas, de
nous conduire en consommateur éclairé et responsable, de réduire notre
consommation médiatique, de vérifier les dates de péremption des éditorialistes
afin d’éviter la propagation de la contagion.
(*) Côté Pile
puis Face http://www.dailymotion.com/pierrecarlesorg#video=xq276r
une vidéo de 7mns tirée d’un doc de 52mns de Pierre Carles sur le traitement
médiatique des élections prédidentielles 2012‘’Court entretien Szafran/
Melenchon /Demorand aux Etats Généraux Libé et interview on et off de Maurice
Szafran Président de Marianne’’.
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