vendredi 23 mai 2014

Léonarda revient ! Léonardo est rentré



Enfin, après un suspense palpitant qui a mis en émoi le cirque médiatique, Léonardo Kerviel est rentré au pays.  A ce propos, nous devons remercier les chaines d’infos en continu qui nous ont fait vivre un feuilleton haletant  durant ces deux jours alors que nous avions prévu un weekend end ensoleillé à  Zuydcoote.


A quelques dizaines de mètres du panneau  indiquant la frontière française, l’ancien trader compulsif hésitait encore, s’interrogeait, J'y vas-ty, j'y vas-t'y pas ?


Il estimait avoir droit lui aussi à un dialogue singulier avec notre président  mais ce dernier échaudé par  Léonarda qui lui avait expliqué « qu’il faisait mal son travail en refusant  de prendre en charge sa famille» s’est honteusement défilé.


Et on ne peut l’en blâmer, la famille Kerviel, avec un patronyme pareil,  recèle peut être en son sein quelques bonnets rouges susceptibles de s’en prendre aux portiques  survivants.

 Sa curieuse accointance avec le pape et le père Patrice Gourrier qui s’apprête à faire carême tant que  l’incarcération ne sera pas différée peut laisser penser que Kerviel qui adore marcher aurait pu se joindre à la ‘’Manif pour tous’’ s’il n’avait eu d’autres soucis.

Comme un remplaçant de foot, il trépignait sur son banc transalpin et quand son coach Richard Koubi lui a fait signe, il n’a pas hésité, il allait enfin pouvoir montrer son talent à La France entière, lui la nouvelle icône de l’anti système de jeu capitaliste.


Qu’y a-t-il de commun entre notre marcheur breton et la lycéenne kosovar ? Tout simplement la volonté de s’impliquer sérieusement dans la réforme de  notre justice qu’ils estiment profondément injuste.


Bien sur quand Léonarda s’exprime sur le sujet c’est plus direct «Un jour ou l’autre, je rentre en France après c’est moi qui va faire la loi» chez Kerviel, la syntaxe est mieux structurée et le propos plus sophistiqué, il demande « la protection de témoins de l'appareil judiciaire, qui ont des choses à dire sur les dysfonctionnements dans le cadre de ce dossier »


Il est plus zen, c’est évident, il le dit lui-même, surtout depuis qu’il a rencontré le pape et serré la main à Mélenchon, étrange alliance de la faucille et du goupillon.


L’affaire Léonarda avait rendu fou et hystérisé le microcosme politico-médiatique, la mise en scène du retour de Kerviel a fait perdre tout sens commun à certains de nos politiciens.


 Mélenchon crie à l’erreur judiciaire tandis que Michel Sapin décidément très en verve cette semaine après  avoir déclaré à propos de la croissance nulle pour le premier trimestre  « « Ce n'est pas grave mais cela conforte toute la politique que nous menons aujourd'hui », comprenne qui pourra, traite le randonneur d’escroc, alors que la qualification d’escroquerie n’a pas été retenue par le tribunal.


Léonarda revient ! Léonardo est rentré et à eux deux, ils pourront faire la loi.

La réalité socialiste dépasse l’affliction



Fini le temps de l’insouciance quand ils chantaient ‘’Oh la la la vie en rose’’. Le rose qu’on leur propose a tendance à s’étioler et on leur inflige un désir d’avenir qui les afflige. Et voilà cette foule sentimentale qui a soif d’idéal socialiste qui se lamente et se répand en jérémiades. 

Elle entonne ce couplet plaintif ‘’On nous manuelvalsise, on nous bruxellise, on nous droitise, on nous libéralise, Ah elle a bon dos la crise, avec Hollande, c’est sur, y a méprise’’.*  

Vous l’aurez compris,  il y eut les indignés, les pigeonnés, les plumés, les ponctionnés, les pressurisés, les cocufiés, les désabusés, voici venu le temps des affligés. Oui, mais pas n’importe lesquels, ceux-ci sont estampillés socialistes, et ce n’est pas de la science affliction. 

Bien entendu, notre première réaction est résolument empathique, c’est d’ailleurs le sujet de ce billet que de montrer une affection naturelle sans affectation aucune pour ces gens soudainement plongés dans une douloureuse affliction.

Qui sont ces roses qui broient du noir ? Un eurodéputé socialiste  Liêm Hoang­Ngoc  et Philippe Marlière, professeur de sciences politiques viennent de lancer un ‘’ club des socialistes affligés’’ qui a pour vocation de réfléchir aux alternatives du virage politique que l'exécutif a imposé à la gauche.

Les termes sont pesés, on ne parle pas de courbe qui est un sujet qui fâche, on évoque seulement un virage pris avec légèreté par un spécialiste de la blagounette plus soucieux de batifoler que d’effrayer la finance avec ces déclarations de guerre qui terrorisaient jadis le bourgeois au Bourget.

Pour justifier leur appellation ils publient un manifeste dans lequel ils déclarent "Socialistes et sociaux-démocrates, nous sommes affligés par l'orientation politique du gouvernement actuel".

Vous pouvez être sincèrement affligés par la politique menée par nos ‘’sociatélistes’’ sans qu’il vous soit possible d’intégrer ce club, l’affliction, c’est un bon début, mais cela ne constitue pas en soi un sésame suffisant, encore ‘’faut-il vouloir aider la gauche  à redevenir une force de propositions et d'action au service de la justice et de l'égalité sociale."

Et c’est là que le bât blesse, nous ne sommes pas vraiment d’humeur à vouloir aider cette gauche affligeante d’autant que la réalité de l’action gouvernementale dépasse l’affliction.

Nous serions même tentés par l’indignation si elle n’avait  été préemptée par des cohortes d’indignés à bas coût enivrés par la lecture d’un opuscule de quelques dizaine de pages au titre comminatoire écrit par un vieux monsieur transformé par la folie médiatique en gourou pour rebellâtres de salon.

Et si notre affliction ne vaut pas la leur et n’est pas bienvenue au club, elle n’en est pas moins sincère et à l’aune de notre multitude, nous pourrions envisager la création d’une fédération.

On en est encore tout retourné



Après le changement c’est maintenant,  voilà que le petit joueur de flûteau nous promet le retournement immédiat, accrochez vos ceintures, la voltige est périlleuse.

Pour nous montrer si besoin était, ses immenses qualités de voltigeur, lui qui a su si brillamment faire descendre notre pouvoir d’achat en vrille dans une parfaite symétrie avec son indice de popularité, il est parti faire ses gammes au sol chez Bourdin.

D’entrée, notre as de la culbute qui n’a en ce domaine qu’un seul rival sérieux en l’auguste personne de DSK, a  concédé dans un éclair de lucidité dont il n’est guère coutumier, que son programme de 2012 n’était pas étincelant et qu’il avait été sélectionné par défaut.

Il  reconnait implicitement que cette impréparation était probablement à l'origine des multiples tonneaux  faits par la patrouille socialiste qui s’étaient soldés par des sorties de trajectoires  mémorables aux municipales, probablement dues à une mauvaise appréciation de la courbe du chômage. 

Il  a tenté de nous rassurer en affirmant qu’il tenait désormais bien le manche en main  et s’apprêtait à nous faire vivre un retournement économique de belle facture, approuvé en cela par ses camarades d’entrainement dont l’olfactif porte –parole du gouvernement Stéphane Le Foll qui a déclaré récemment  "Je le sens" tandis que le mystique Sapin nous annonçait que la croissance lui était apparue au détour d’un couloir de Bercy.

Il  a dévoilé aussi les nouvelles figures qu’il comptait ajouter à son nouveau programme basé essentiellement sur l’esquive, ainsi envisage t-il le report des élections régionales et cantonales en 2016 pour retarder un inévitable crash.

Comment ne pas souscrire à cette idée dont son initiateur dit lui-même « Je pense que ça serait intelligent » .Qui voudrait passer pour un abruti peu soucieux de sécurité et rétif à prolonger les CDD de travailleurs méritants de surcroit socialistes pour une grande partie d’entre eux.

Bien sur cette initiative peut faire penser au fameux paradoxe de l’œuf et de la poule, est ce la réforme territoriale qui induit inévitablement le report des élections ou celui-ci  qui justifie une subite accélération du planning de cette réforme au calendrier pourtant défini par Valls dans son discours général ?

Si la deuxième proposition devait être retenue, ce serait une magouille détestable dont nous avons peine à imaginer qu’elle puisse germer dans un cerveau protégé des intempéries par un casque intégral, sauvegardant l’intégrité exemplaire  d’un Président vertueux. 

Nous devrons probablement nous équiper de lunettes spéciales comme pour certains phénomènes astronomiques si nous voulons apercevoir en 2014 le retournement économique annoncé par la pythie élyséenne en souhaitant qu’il n’aille pas à contresens.