mercredi 15 janvier 2014

Il est debout toute la nuit to get lucky




Si l’art de gouverner les peuples se réduit en dernier lieu à l’art d’empêcher qu’ils ne s’ennuient selon une citation attribuée à un contributeur anonyme d’une ancienne revue littéraire ‘’La Revue de Paris’’ alors nous pouvons dire que nous sommes bien gouvernés et que nous avons fait le bon choix. 

La fameuse tirade anaphorienne était déjà très prometteuse et s’il nous fallait  retenir qu’une seule de ces quinze phrases composant ce merveilleux slam syncopé qui avait subjugué la France entière et anesthésié son contradicteur, la tache serait éminemment difficile.

Et pourtant nous nous y sommes attelés avec beaucoup de courage et puisque c’est la période des récompenses, nous avons pris la liberté de décerner notre Gérard de ‘’la phrase qu’on voudrait avoir oubliée mais qui vous revient comme un boomerang en plein casque intégral ‘’.

C’est donc « Moi, président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire» qui l’emporte à l’unanimité du jury. 

Déjà spontanément très drôle sur le moment puisque la production n’avait pas jugé bon de l’accompagner de rires enregistrés, son potentiel comique s’accentue  à la vue d’un Daft Punk debout toute la nuit to get lucky with Julie dans un immeuble situé dans la bien nommée rue du cirque.

 Du fameux diptyque romain ‘’Panem et circenses’’, notre gouvernement a surtout retenu les jeux du cirque comme armes de diversion massive. 

A peine, nous étions nous régalés du numéro du duo comique Valls-Dieudonné que le vaudeville élyséen enchainait sans même permettre à nos zygomatiques très sollicités  de bénéficier d’un repos bien mérité.

Heureusement, le scénariste a introduit dans cette farce motocycliste une touche d’émotion avec la femme outragée hospitalisée car si le peuple aime rire pour ne pas avoir à en pleurer, il n’est pas économe de ses glandes lacrymales  quand le trop-plein menace de déborder.

Rien d’étonnant alors à ce que la cause du scandale soit du monde du spectacle quand on sait la connivence naturelle des societalistes avec l’univers des paillettes, ce goût du burlesque et du carnaval que Lang et Delanoé ont porté au paroxysme et qu’ils confondent parfois avec le militantisme.

 Le gouvernement se résume donc à une équipe d’emplois aidés pour anciens jeunes à l’avenir incertain, un essaim d’agents d’ambiance sous la houlette d’un ambianceur volage qui vient de nous déclarer en conférence de presse que son idylle avec Pierre Gattaz « C’est du sérieux ».

Si l’ennui naquit un jour de la fidélité, alors nous pouvons être certains de ne pas nous ennuyer jusqu’en mai 2017, et plus si affinités.

mardi 7 janvier 2014

Une courbe affriolante, un feuilleton haletant



Puisque c’est le moment  de décerner dans tous les domaines les tops et les flops de l’année 2013, le top de la série la plus exaltante  est attribuée à l’unanimité à ‘’ L’inversion de la courbe du chômage’’ mise en scène magistralement par François Hollande, ancien chercheur d’anaphores grecques et inventeur génial du flan au caramel.

Si la réalisation est parfaitement maitrisée, saluons aussi le talent de Michel Sapin qui dans le rôle du statisticien fou s’est livrée dans l’avant dernier épisode de décembre à un numéro de clown équilibriste qui devrait lui valoir la place convoitée d’Ayrault ou pour le moins un engagement au Cirque du Soleil.

Dans ce  feuilleton mensuel captivant qui a débuté en Septembre 2012, la dramaturgie est montée crescendo même si on a pu craindre à la diffusion des chiffres d’aout un arrêt définitif tant la courbe semblait s’engager dans une folle inversion dont la vélocité surprenait les commentateurs.

Le réalisateur a su nous ménager subtilement un suspense insoutenable car avant le générique de fin un rebondissement mitonné avec la complicité de SFR nous apprenait que la courbe était moins inversée qu’il n’y paraissait et que par conséquent nous aurions droit aux quatre derniers épisodes.

Fin novembre, l’excitation était à son comble au matin de la diffusion de celui tourné en octobre lorsque notre Hitchcock aux petits pieds, vint faire une visite surprise à Aubervilliers au cours de laquelle il se livrât à un numéro d’auto promotion si convaincant que personne n’y comprit rien.

Les médias tenus en haleine furent déconcertés et les éminents hollandologues convoqués sur nos écrans pour décrypter ce qu’avait bien voulu dire l’oracle élyséen et tous déclarèrent unanimement qu’il était préférable d’attendre dix huit heures pour les chiffres du soir. Ils admettaient n’avoir rien saisi de l’embrouillamini matutinal suscité par les déclarations contradictoires de l’énigmatique metteur en scène. 

Et ce fut la divine surprise, la courbe s’inversait à nouveau sous les cocoricos, tous les membres du gouvernement voulaient être pris en photo avec elles, elle damait le pion à celle de Laffer à la grande joie des solfériniens, et pouvait même prétendre à éclipser celles de Sophie Marceau.

 Il ne faisait plus de doute maintenant pour les commentateurs avertis que le pari était gagné, Christophe Barbier, l’impudent imprudent titrait le 26 Décembre, veille  de la sortie des chiffres de Novembre son édito-vidéo ‘’ Les Victoires de François Hollande’’ dans lequel il nous livrait cette stupéfiante analyse (sous l’action de quelle substance ?)  « En focalisant l'attention des médias sur l'inversion de la courbe du chômage, François Hollande marque une victoire. Cette statistique mensuelle devient un évènement politique. Cela a permis au gouvernement de gagner du temps sur la sortie de crise »

Le lendemain, tenue négligée inhabituelle pour ce dandy pontifiant, en tee-shirt blanc défraichi, sans son éternelle écharpe rouge, le visage défait, il titrait son édito ‘’Le pari perdu de François Hollande’’. 

Rassurons Christophe Barbier et ses camarades journalistes qui paraissent bien esseulés dans leur passion convulsive à suivre ce ‘’soap opéra’’ ou roman-savon  comme disent les québecois, la réalisation devrait nous concocter une fin heureuse ou à défaut une saison 2. 

http://videos.lexpress.fr/actualite/politique/video-les-victoires-de-francois-hollande-l-edito-de-christophe-barbier_1310111.html
  http://videos.lexpress.fr/actualite/politique/video-chomage-le-pari-perdu-de-francois-hollande-l-edito-de-christophe-barbier_1310239.html