vendredi 14 mars 2014

Vous pouvez me répéter la question ?



Lundi 10 mars,  au journal de 20h sur TF1, notre Garde des Sceaux s’est quelque peu pris les pieds dans le tapis.

 A la question posée par Gilles Bouleau  « Quand avez-vous appris que Nicolas Sarkozy était sur écoutes ? L’avez-vous appris comme nous en lisant le journal Le Monde à 13h, vendredi 7 mars, ou avant ? » Elle a répondu sans réfléchir, car c’est sa nature, elle est très spontanée  « La réponse à votre question, est très claire. Je n’avais pas l’information avant ».

 La réponse est en effet limpide  mais la question a-t-elle bien été comprise ? Gilles a-t-il bien fait son ‘’Bouleau’’ ? S’est-il bien exprimé ? La question était-elle aussi claire que la réponse ? 

De toute évidence, non, Christiane n’avait pas bien compris l’énoncé de la question et comme ça peut arriver à chacun de nous, elle n’a pas voulu passer pour l’ignare de service qui ne connait pas la réponse  et a répliqué au hasard en espérant avoir tout bon.

C’est donc un regrettable malentendu du essentiellement à l’ambigüité de la formulation du journaliste de TF1. La preuve en est donnée le lendemain  sur France 2 avec l’excellent Ayrault qui a tout compris ce que lui exprimait le non moins excellent Pujadas et qui contredit sa Ministre en précisant qu’elle et lui avaient été informés par le procureur de Paris le 26 février.

La Ministre aurait-elle menti à l’insu de son plein gré ou ment-elle comme elle respire ? Dans cette dernière hypothèse, nous nous en voudrions de la priver de son oxygène et d’ailleurs à la sortie du conseil des ministres mercredi, elle s’offre encore une bonne bouffée d’air en déclarant pendant la conférence qui a suivi le conseil des ministres « Je n'ai pas menti ».

Il y a plusieurs manières de mentir, effrontément comme Cahuzac, droit dans les yeux, d’autres comme Taubira mentent sans renier leurs convictions, c'est-à-dire gauchement.

 Quant à Valls, selon le Canard Enchainé qui prétend que les officiers de police judiciaire en charge de l’enquête lui faisaient parvenir régulièrement leur rapport sur l’avancement de celle-ci, il a répondu avec l’aplomb qui le caractérise qu’il ne savait pas et qui l’avait appris comme tout un chacun en lisant cet indispensable quotidien qu’est ‘’Le Monde’’.

Frédéric Dard écrivait à propos du mensonge qu’il est un outil pour l’homme et une parure pour la femme, dans ce cas Manuel est un fichu bricoleur et Christiane une gente dame parée de ses plus beaux atours.

Manger des légumes rend méchant



Bon, je le concède, je regarde rarement en direct et jamais en intégralité l’émission de Ruquier ‘’On n’est pas couché’’ mais il m’est arrivé d’en voir quelques bribes au hasard de pressions incontrôlées sur ma zapette ou ma souris.

C’est ainsi que m’est apparu dans la petite lucarne un rebellâtre à chemise ouverte aux faux airs de BHL de bazar, remplaçant Audrey Pulvar, l’égérie du lunettier Bonnet spécialiste des écailles de tortue. Dans ce jeu de rôles imaginé par Ruquier, il fallait opposer à la réac de service Natacha, un progressiste éclairé.

Substituer à une complice de l’extermination des tortues marines, un apprenti philosophe romantiquement débraillé et adversaire résolu de la corrida ne pouvait que me ravir.

Regarder la télé à  travers les larges verres souvent embués par le liquide lacrymal d’une chroniqueuse à fleur de peau, si préoccupée par la misère du monde et sa myopie, n’est pas chose aisée quand on est soi même un peu miro.

En outre, j’appris que cet intellectuel de gôche, oxymore ou pléonasme, à chacun de choisir selon sa sensibilité, qui végétait jusqu’alors dans le journalisme était aussi végétarien et cela me réjouissait.

 De récentes études ont conclu que  les végétariens affichent une meilleure humeur et moins d’émotions négatives et de stress que les omnivores.

J’étais donc tenté, malgré mon aversion pour les légumes, par ce régime susceptible d’adoucir mon humeur atrabilaire, mais je voulais aussi en vérifier les bienfaits à travers les interventions du pendant senestre et sinistre à la fois de  Natacha Polony.

Il n’était pas question pour autant de m’imposer la vision durant trois heures d’ ‘On n’est pas couché’’, pour deux raisons essentielles, je n’ai pas le gout du sacrifice et l’emploi du ‘’on’’qui se  veut inclusif à généralement tendance à m’horripiler.

Pour mon étude approfondie sur les bienfaits du végétarisme sur l’affabilité humaine, je n’avais hélas à ma disposition qu’un cobaye disponible, l’auteur du célèbre ouvrage ‘’No steak’’ que je n’ai pas encore lu mais dont je devine la trame : l’extermination d’une kyrielle de garçons bouchers pour venger l’assassinat de la vache du célèbre prisonnier Fernandel.  

Pour juger de la grande urbanité du bretteur au gracieux prénom médiéval, il me suffisait de naviguer sur le web et de taper son patronyme, j’eus droit ainsi aux innombrables faits d’armes les plus brillants  du spadassin du camp du bien.

Évidemment, je ne le trouvais pas aussi affable que son régime alimentaire le promettait mais c’était pour la bonne cause, et les affreux arriérés, traditionalistes, rétrogrades que Ruquier se faisait un malin plaisir à lui opposer ne méritaient pas un autre sort que de passer à la moulinette à gros légumes.

On peut être végétarien et avoir l’estomac fragile, ce qui conduit immanquablement à n’en consommer certains qu’écrasés sous forme de purée après avoir au préalable jeté les épluchures à la poubelle.

Les variétés qui lui étaient proposées étaient particulièrement indigestes et on peut comprendre son haut-le-cœur à la vue de certaines, Finkelkraut, Tilinac, Frigide Barjot, et je ne cite que les plus comestibles d’entre elles.

Malgré tout, sa courtoisie avait été souvent mise en défaut et sa bienveillance végétarienne ne me paraissait pas aussi indiscutable que le laissaient accroire les études que j’avais lues. Mais le doute subsistait encore dans mon esprit.

Le dernier accrochage avec Natacha Polony  finit par me convaincre que contrairement à ce que j’espérais, le végétarisme n’avait aucun effet positif sur les cerveaux binaires.

 Tout du moins, pour ce qui concerne l’amabilité même si l’impartialité m’oblige à constater que sa partenaire télévisuelle cumule plusieurs défauts, elle est réac, cultivée, plutôt pondérée dans ses propos, et s’apprête à quitter le navire.

On pourra m’objecter que mon étude n’est pas sérieuse, que le panel retenu est trop peu représentatif, je peux en ma qualité d’omnivore invétéré, me montrer aussi insupportable et sectaire que lui, aussi infatué de mon auguste personne et déclarer sans vergogne  que manger des légumes rend méchant.